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Etranglé financièrement, le Zimbabwe supprime la parité fixe entre ses "bond notes" et le dollar

Etranglé financièrement, le Zimbabwe supprime la parité fixe entre ses "bond notes" et le dollar

Zimbabwe

Le Zimbabwe a supprimé mercredi la parité fixe entre le dollar américain et sa quasi-monnaie, le “bond note”, dont la valeur n’a cessé de chuter au marché noir, une décision destinée à desserrer l‘étau financier qui étrangle son économie depuis des années.

Le gouverneur de la Banque centrale du Zimbabwe, John Mangudya, a annoncé que ces “bond notes” à valeur flottante, rebaptisés dollars RTGS (real time gross settlement), seraient échangés sur un nouveau marché interbancaire des devises.

Ce système “doit éviter à quiconque d’avoir à acheter des devises sur le marché parallèle”, a expliqué M. Mangudya lors d’une conférence de presse.

Le dollar RTGS constitue désormais l’unité de référence pour les institutions, les entreprises et les particuliers “pour établir la valeur des biens, services, dettes et transactions” dans le pays, selon l’institution financière.

Le Zimbabwe avait abandonné en 2009 son dollar zimbabwéen, totalement dévalué pour cause d’hyperinflation, au profit du dollar américain.

Mais les précieux billets verts se sont faits de plus en plus rares, au point d‘étrangler l‘économie. En 2016, le gouvernement a alors introduit des “bonds notes”, des sortes d’obligations de même valeur que les billets verts.

Là encore l’opération a échoué et la valeur des “bonds notes” a chuté. L’inflation a repris de plus belle, creusé les déficits et provoqué, depuis plusieurs mois, le retour des pénuries des produits de base, comme le pétrole et l’huile.

Le nouveau “bond note” flottant va “amener de l‘équité et de la transparence dans la façon dont les devises étrangères sont distribuées aux acteurs du marché”, a insisté mercredi le patron de la Banque centrale.

“Cela devrait faciliter les investissements et favoriser la croissance et la création d’entreprises locales en améliorant leur accès aux devises étrangères”, a-t-il ajouté.

“Monnaie fantôme” ?

M. Mandugya a assuré avoir pris des mesures pour éviter une dégringolade rapide de la valeur des “bond notes” par rapport au dollar et permettre de lutter contre l’inflation (hausse de +50 % entre décembre 2018 et décembre 2019).

“Les prix au Zimbabwe devraient rester à leur niveau actuel (…) grâce aux mesures mises en place”, a-t-il assuré.

L’annonce de la Banque centrale a été accueillie plutôt favorablement par les analystes.

“C’est une bonne décision, il est possible qu’elle stabilise les taux de change”, a estimé auprès de l’AFP l‘économiste John Robertson, “l’Etat a longtemps eu trop tendance à vouloir tout contrôler, ça a fait beaucoup de dégâts”.

“Le Zimbabwe a désormais sa propre monnaie appelée RTGS dollar, qui est un euphémisme pour le dollar zimbabwéen”, a résumé Tapiwa Mashakada, ancien ministre de la Planification et actuel député du Mouvement pour le changement démocratique (MDC, opposition).

“Adieu la dollarisation, vive le dollar zimbabwéen”, a-t-il lancé. “Les taux de change seront publiés quotidiennement dans les banques et dans les médias”, a-t-il expliqué, dénonçant cependant “le retour d’une monnaie nationale sans que soient résolus” les problèmes fondamentaux de l‘économie.

L’analyste Derek Matyzsak, de l’Institut sud-africain pour les études de sécurité (ISS), a toutefois mis en garde contre ce qu’il a qualifié de “monnaie fantôme”.

“Les RTGS, c’est de la monnaie imprimée électroniquement, elle n’existe pas”, a-t-il récemment souligné.

L’annonce de la Banque centrale intervient alors que le ministre des Finances, Mthuli Ncube, avait répété à plusieurs reprises que son pays comptait réintroduire son dollar zimbabwéen d’ici à la fin 2019.

Au pouvoir depuis la démission de Robert Mugabe fin 2017, le président Emmerson Mnangagwa a promis de remettre l‘économie du pays sur les rails, sans résultat jusque-là.

Le mois dernier, une hausse spectaculaire des prix des carburants décrétée par le gouvernement avait provoqué de violentes émeutes, brutalement réprimées par les forces de l’ordre.

AFP

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