Tchad
Qu’est-ce que justifie les frappes aériennes de l’armée française contre une colonne de véhicules armés dans le nord du Tchad ? Paris a annoncé une opération en réponse à l’infiltration d’un groupe armé au Tchad depuis la Libye. Mais un groupe rebelle au régime en place donne une version tout à fait contradictoire et dénonce un interventionnisme militaire.
Dimanche 3 février des avions Mirages 2000 de l’armée française abattaient leur puissance de feu sur une quarantaine de véhicules armés qui « s’infiltrait profondément en territoire tchadien ». Paris annonçait une opération menée conjointement avec l’armée tchadienne, afin de freiner cette « progression hostile » du groupe armé – qualifié de « terroriste » par N’Djaména – venu de la Libye voisine. Aucun bilan n’avait été livré, mais le colonel Azem Bermendoa Agouna, porte-parole de l’armée tchadienne affirmait dans un communiqué que la « colonne de mercenaires et terroristes » a été « neutralisée et mise hors d’état de nuire par nos forces aériennes appuyées par les forces Barkhane ».
Près de 72 heures après l’opération de dimanche, des questions restent en suspens quant à l’enjeu derrière les frappes françaises. Si le Tchad place cette opération conjointe entre les armées tchadienne et française sous la coupe de la coopération entre les deux pays dans le cadre de la lutte contre le « terrorisme », le groupe rebelle de l’Union des forces de la résistance (UFR) dirigé par Timan Erdemi, le neveu du président Idris Deby, apporte un démenti à cette version des faits et dénonce une « ingérence » de la France afin de maintenir le président Déby au pouvoir.
>>> LIRE AUSSI : Tchad : intervention de l’armée française contre une colonne armée venue de Libye Sur RFI, Youssouf Hamid, le porte-parole en Europe du groupe a du reste pointé une intervention française « inacceptable », assurant que les troupes de l’UFR sont partis de l’intérieur du Tchad et non de la Libye comme cela est dit. Il a par ailleurs affirmé que les troupes n’ont guère été dispersées en dépit des frappes aériennes, mais poursuivent plutôt leur progression. Vers quelle destination ? Il n’a pas voulu en dire davantage.
Il y a onze ans, en 2008, des troupes de l’UFR avait progressé jusque dans la capitale tchadienne N’Djaména, où elles ont tenté de renverser le président Idriss Déby. Ce dernier avait reçu un soutien plus subtil de l’armée française qui s‘était limitée à protéger l’aéroport de la capitale et à ravitailler l’armée tchadienne en munitions.
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