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Inspire Middle East

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Inspire Middle East : la protection de la nature passe en priorité

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Dans cette édition d’Inspire Middle East, nous rencontrons l‘éminente primatologue Jane Goodall qui a voué sa vie à l‘étude des chimpanzés. Elle dresse des similitudes de comportement entre ses animaux de prédilection et les hommes et appelle la jeunesse à agir pour protéger la planète des générations futures. Nous découvrons aussi la richesse de la faune et la flore émiraties en nous rendant dans plusieurs réserves naturelles du pays.

En 1900, on estimait à environ un million, le nombre de chimpanzés vivant en milieu naturel. Aujourd’hui, ils ne seraient plus que 200.000. Jane Goodall, connue dans le monde entier pour son engagement en faveur de l’environnement, a consacré sa vie à leur préservation. Une expérience qu’elle a partagée lors d’une conférence aux Emirats.

À 84 ans, la primatologue Jane Goodall continue de voyager près de 300 jours par an et récemment, elle a fait étape à Dubaï pour promouvoir son programme pédagogique dédié à la protection animale appelé Roots and Shoots qui est présent dans plus de 100 pays dont les Emirats et qui accompagne près de 500 projets environnementaux menés par des jeunes. Grâce au travail de l’Institut Jane Goodall, 5000 chimpanzés et gorilles vivent aujourd’hui dans des habitats protégés.

Depuis 55 ans, le nom de cette éminente scientifique est étroitement lié à l‘étude des chimpanzés. Ses travaux en immersion qu’elle a entamés à l‘âge de 26 ans dans le parc national de Gombe Stream en Tanzanie et dont elle a tiré plus de 25 livres ont bouleversé nos connaissances sur ces grands singes.

En 1960, elle vit un chimpanzé prendre un morceau de paille pour l’enfoncer dans une termitière et manger les insectes. Or, jusqu’alors, on pensait que seuls les humains fabriquaient et utilisaient des outils. L’avancée scientifique fut telle que le célèbre paléontologue Louis Leakey écrivit à l‘époque : “Aujourd’hui, nous devons redéfinir le concept d’outil, repenser la notion d’homme ou alors, accepter de considérer les chimpanzés comme des hommes.”

Jane Goodall a aussi montré, contrairement à ce que l’on croyait, que les chimpanzés ne sont pas strictement végétariens et apporté des preuves des relations sociales qu’ils établissent entre eux comme les humains.

“Nous avons emprunté notre planète à nos enfants”

La primatologue a évoqué pour Inspire, son parcours au plus près des animaux.

Rebecca McLaughlin-Eastham, euronews :

“Parlons de votre programme pédagogique Roots and Shoots. Il est mis en œuvre dans plus de 100 pays dans le monde. Quel héritage espérez-vous transmettre ?”

Jane Goodall, primatologue :

“Tant de jeunes que j’ai rencontrés à travers le monde semblent ne pas vraiment avoir foi dans l’avenir. Ils sont en colère, déprimés ou souvent, apathiques. Nous n’avons pas hérité cette planète de nos parents, nous l’avons empruntée à nos propres enfants, nous leur avons volé leur avenir et c’est ce que nous sommes encore en train de faire. Mais je crois qu’il n’est pas trop tard. Le programme Roots and Shoots concerne des jeunes qui agissent pour rendre le monde meilleur et qui choisissent – parce que tout est interconnecté – des projets qui aident les hommes, les animaux et l’environnement.”

Rebecca McLaughlin-Eastham :

“Pour avoir une influence vraiment positive sur l’environnement, que peut-on faire aujourd’hui ?”

Jane Goodall :

“Je peux faire des choix éthiques quand j’achète quelque chose, je peux me poser des questions : ‘D’où ça vient ? Est-ce que sa fabrication a dégradé l’environnement ? Ou engendré de la cruauté envers les animaux ?’ Quand plusieurs millions – ou espérons-le, plusieurs milliards de personnes feront des choix éthiques au sujet de l’impact qu’elles engendrent tous les jours, alors nous commencerons à avoir un monde un peu meilleur à laisser à nos enfants.”

“Des comportements communs aux chimpanzés mâles et aux responsables politiques masculins”

Rebecca McLaughlin-Eastham :

“Vous êtes connue pour remettre en cause la distinction entre les chimpanzés et les hommes. Selon vous, dans quelle mesure cette classification est-elle floue aujourd’hui ?”

Jane Goodall :

“Elle est très floue : à peine plus d’1% de notre ADN est différent. Se prendre dans les bras, s’embrasser, se faire des tapes dans le dos, marcher en bombant le torse, menacer de donner un coup de poing… Tout cela, ce sont des comportements communs aux chimpanzés mâles qui veulent dominer leurs semblables et à certains de nos responsables politiques masculins.”

Rebecca McLaughlin-Eastham :

“Vos études ont montré que des modes de vie et les habitats naturels de certains animaux ont été perdus ou dégradés. Dites-nous ce que vous avez pu constater dans le bassin du Congo.”

Jane Goodall :

“Ce qui se passe sur place, comme ailleurs dans le monde, c’est la destruction de la forêt pluviale. Ce qui veut dire que quand il y a des populations indigènes qui y vivent, elles perdent leur mode de vie. Très souvent, elles sont regroupées dans des villages où elles sont comme les pygmées, elles ne savent pas comment vivre en dehors de la forêt. Des espèces animales sont en train de disparaître à un rythme sans précédent. Et vous savez, quand on abat des forêts anciennes pour produire de l’huile de palme, ce ne sont pas uniquement les orang-outans qui perdent leur habitat, ce sont aussi les générations futures, nos arrière-petits-enfants.”

“L’environnement passe toujours après le développement économique !”

Rebecca McLaughlin-Eastham :

“Vous militez pour la fin du commerce illégal de l’ivoire et des cornes de rhinocéros. Quels sont les obstacles à son élimination ?”

Jane Goodall :

“L’argent, la corruption… C’est aussi simple que cela. L’environnement passe toujours au second plan. Donc il y a toujours cette idée qu’on ne doit pas permettre que quoi que ce soit vienne gêner le développement économique. Et si cela nécessite de fracturer et dégrader l’environnement, et alors ?”

Rebecca McLaughlin-Eastham :

“L’un de vos best-sellers s’intitule “Des Raisons d’espérer”. Qu’est-ce qui vous donne de l’espoir pour l’avenir de notre planète ?”

Jane Goodall :

“La première raison d’espérer, ce sont les jeunes parce qu’ils sont passionnés et qu’ils peuvent vraiment changer les choses.

La deuxième, c’est que la nature est tellement résistante : on peut donner une seconde chance aux animaux menacés d’extinction.

Et enfin, il y a aussi ce que j’appelle l’indomptable esprit humain qui s’attaque à ce qui paraît impossible et qui ne renonce pas et cet esprit est présent tout autour de nous.”

Le salut rapproché d’une femelle chimpanzé

Rebecca McLaughlin-Eastham :

“Vous défendez avec passion l’idée de donner la parole aux animaux, à ceux qui ne peuvent pas parler. Pourriez-vous me montrer comment saluer un chimpanzé ?”

Jane Goodall :

“Le salut rapproché, c’est : ah, ah [elle imite le chimpanzé]. C’est ce que fait la femelle quand elle est face à un mâle dominant ou de rang inférieur. Mais un mâle de rang supérieur ne fait pas cela, c’est une manière de se soumettre. Et en réponse, vous allez venir au contact, allez-y, approchez-vous et touchez ma tête [elle imite une nouvelle fois, le cri de la femelle chimpanzé].”

Wadi Wurayah, réserve de biosphère émiratie

Les Emirats arabes unis s’efforcent d’augmenter le nombre de leurs animaux indigènes en améliorant leur habitat naturel. Notre journaliste Salim Essaid a pris la route pour aller voir de plus près en quoi consistent ces projets environnementaux.

Dans un pays constitué à environ 80% de désert, vous serez probablement surpris de découvrir une vallée verte aussi vaste. Il s’agit du premier parc national émirati. Situé dans l’Emirat de Fujairah, il s‘étend dans cette chaîne de montagnes sur 129 kilomètres carré. Son nom Wadi Wurayah fait référence à cette plante de marécage appelée “warrah” qui se développe dans ses zones humides.

“Le bruit de l’eau qui s‘écoule derrière moi provient de la seule cascade naturelle des Emirats, située dans la chaîne de montagnes Hijar,” nous précise notre reporter sur place. “Bien qu’elle soit petite,” ajoute-t-il, “elle alimente les marécages et les ruisseaux, mais aussi une vie sauvage unique.”

La vallée compte 208 variétés de plantes, des oiseaux tels que l’aigle de Bonelli et le guêpier d’Orient et 24 espèces de libellules.

Aujourd’hui, certains animaux sauvages ont disparu comme le léopard et la gazelle d’Arabie à cause de la chasse et de la dégradation de leur habitat, les derniers spécimens ayant été repérés en milieu naturel il y a plus de dix ans.

Pour favoriser la régénération de la vallée et de sa faune, des secteurs entiers de la réserve sont fermés au public depuis 2006.

Le responsable du parc Ali Alhmoudi emmène notre journaliste dans un secteur où l’on trouvait auparavant de nombreux déchets et des graffitis sur les parois rocheuses. “Pour régler la situation, nous avons utilisé des caméras cachées pour surveiller la réserve et les activités de ceux qui y entrent,” raconte-t-il. “Grâce à Dieu, nous avons répondu à la plupart des défis que nous devions relever en mettant un terme à la chasse et au fauchage des herbes et 98% des inscriptions qu’il y avait sur les rochers et les montagnes ont été enlevées,” précise-t-il.

L’an dernier, le parc a été reconnu par l’UNESCO comme réserve de biosphère, l’une des 33 situées dans les pays arabes qui ont ainsi mis en place des zones réservées à la recherche et la protection environnementales.

On y trouve aujourd’hui un centre d‘élevage pour une espèce indigène menacée : le thar d’Arabie, un cousin de la chèvre.

Le défi de l’approvisionnement en eau

Le chercheur français Jacky Judas de la Emirates Wildlife Society travaille au sein du parc depuis 2013 : pour lui, c’est un site doté de nombreuses ressources naturelles et tourné en toute saison vers la protection des animaux locaux en particulier les plus grands d’entre eux. “Cette vallée, c’est le seul endroit dans tous les Emirats où il y a de l’eau toute l’année,” affirme le scientifique.

D’après Jacky Judas, l’approvisionnement en eau naturelle dans la vallée est menacée par les hommes qui construisent sans arrêt de nouveaux bâtiments et barrages comme celui-ci qui pourrait nuire à la vie sauvage.

“L’effet de l’assèchement de la nappe phréatique pourrait affecter l’ensemble de la chaîne alimentaire dans les différentes vallées,” indique Jacky Judas. Ce qui pourrait se traduire par une baisse du taux de reproduction des espèces qui y vivent, voire affecter la survie de bon nombre d’entre elles,” estime-t-il.

Des écrins verts

Le parc national des mangroves d’Abu Dhabi avec ses 19 kilomètres carré est lui aussi un refuge pour des espèces endémiques comme le crabe tacheté et l’aigrette à gorge blanche.

Au sud-ouest de la capitale, Sir Bani Yas est une île de 87 kilomètres carré qui abrite des milliers d’animaux sauvages en liberté : de l’oryx d’Arabie – l’animal symbole des Emirats – aux girafes en passant par les guépards et les gazelles.

Dans l‘émirat voisin d’Abu Dhabi, au cœur de la jungle urbaine de Dubaï, voici le Sanctuaire de la vie sauvage de Ras Al Khor. Créé en 1985, le site accueille en hiver, jusqu‘à 25.000 oiseaux migrateurs dont des hérons cendrés et des cormorans. Il est devenu un site Ramsar de l’UNESCO en 2007 sous la mention “zone humide d’importance internationale”. Les flamants roses apprécient ses eaux et les touristes peuvent les admirer depuis des observatoires, en particulier lors de deux moments de la journée où ils sont nourris. Le sanctuaire abrite 180 espèces d’oiseaux et 47 variétés de plantes.

Les Emirats espèrent avec d’autres projets de ce genre, attirer davantage de visiteurs dans les années à venir et progresser dans le classement de l’Indice mondial de performance environnementale dont ils occupaient l’an dernier, la 77ème place.

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