Manifestations au Soudan : un opposant et des rebelles arrêtés

Les forces de l’ordre ont dispersé plusieurs manifestations antigouvernementales dans des villes du Soudan vendredi, et interpellé un leader de l’opposition, au dixième jour de protestations contre la hausse du prix du pain.

Elles ont également arrêté un groupe de rebelles de la région du Darfour (ouest) qui prévoyaient de « tuer des manifestants », a indiqué un porte-parole du gouvernement. Mais le principal parti de l’opposition Oumma a rejeté cette accusation comme un « mensonge monté de toutes pièces ».

Depuis le 19 décembre, le pouvoir du général Omar el-Béchir est confronté à une vague de manifestations. Au moins 19 personnes, dont deux membres des forces de sécurité, ont été tuées, selon un bilan officiel. La plupart des manifestants ont été victimes d‘« incidents liés au pillage », a dit le porte-parole du gouvernement.

Dans un communiqué, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé « au calme et à la retenue ». Il a demandé aux « autorités de mener une enquête approfondie sur les morts et la violence », et souligné la nécessité de « garantir la liberté d’expression et de rassemblement pacifique ».

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“Soudan : la manifestation contre le prix du pain prend de l’ampleur”: http://fr.africanews.com/2018/12/24/soudan-la-manifestation-contre-le-prix-du-pain-prend-de-l-ampleur/ Aristide Nononsi, expert indépendant des Nations unies sur la situation des droits de l’Homme au Soudan, a appelé lui aussi les forces de sécurité « à la retenue pour éviter une escalade des violences et à (…) protéger le droit à la vie des manifestants ».

La contestation se concentre autour du prix du pain, alors que le Soudan connaît un marasme économique aggravant la pauvreté.

Vendredi à Omdourman, ville jumelle de la capitale Khartoum, des centaines de fidèles sortant d’une mosquée du parti Oumma, ont scandé « Liberté, paix, justice », avant l’intervention des forces anti-émeutes qui ont dispersé la foule à coups de gaz lacrymogènes, selon des témoins.

Les forces anti-émeutes ont également fait usage de gaz lacrymogènes à Port-Soudan, Madani et Atbara, ville de l’est du pays où a débuté le mouvement de contestation, ont indiqué d’autre témoins.

Un groupe rebelle mis en cause et arrestations

Vendredi, « la police a capturé 10 personnes affiliées au groupe ALS/Abdel Wahid, saisi 14 Kalachnikovs et 1.000 munitions », et confisqué des ordinateurs, a annoncé lors d’une conférence de presse Mamoun Hassan, ministre d’Etat à l’Information.

« Des documents trouvés sur les ordinateurs indiquent que ces personnes avaient l’intention de tuer des manifestants », a-t-il affirmé.

L’Armée de libération du Soudan (ALS) d’Abdel Wahid Mohammed al-Nour et d’autres groupes rebelles affrontent le pouvoir au Darfour depuis 2003.

Jeudi, des groupes d’opposition ont appelé à poursuivre les manifestations. Plusieurs membres de ces formations ont été arrêtés en marge des protestations.

Le chef du Parti du Congrès soudanais Omar el-Digeir a été arrêté vendredi par les services de sécurité et « emmené vers une destination inconnue », a affirmé le parti.

L’Association des écrivains soudanais a annoncé l’arrestation mardi du poète Mohamed Taha, qui avait participé à une manifestation. « Nous ignorons où il se trouve », a-t-elle affirmé.

Le réseau des journalistes soudanais a aussi fait état de l’arrestation de deux de leurs confrères.

Sur décision du gouvernement, le prix du pain est passé mi-décembre d’une livre soudanaise (1 centime d’euro) à trois livres, tandis que le prix du carburant grimpait également, provoquant la colère de la population.

Au-delà des revendications sociales, parmi les manifestants certains réclament aussi « la chute du régime » de M. Béchir, au pouvoir depuis 1989.

Amputé des trois quarts de ses réserves de pétrole depuis l’indépendance du Soudan du Sud en 2011, le pays a vu l’inflation s‘établir à près de 70% annuels, tandis que la livre soudanaise plongeait face au dollar américain.

AFP