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Inspire Middle East : les Emirats arabes unis ont 47 ans

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Inspire Middle East célèbre cette semaine le 47ème anniversaire des Émirats arabes unis.

Au programme :

  • un point historique en remontant le temps jusqu‘à la naissance des Émirats ;

  • un entretien avec un membre de l’une des familles les plus influentes des Émirats, qui partagera ses souvenirs de Cheikh Zayed, le “père fondateur” de la nation émiratie ;

  • enfin, nous découvrirons une œuvre d’art dédiée au célèbre Cheikh Zayed qui aurait fêté ses 100 ans cette année.

Des “États de la Trêve” aux Émirats arabes unis

Difficile d’imaginer Abu Dhabi et Dubaï sans leurs gratte-ciel monumentaux… Mais il n’y pas si longtemps, seules des dunes de sable à perte de vue occupaient ces espaces.

Durant plus de 150 ans, le territoire comprenait plusieurs régions régies par des cheiks, formant ensemble un territoire sous protectorat britannique baptisé “les États de la Trêve”.

À la suite du retrait des Britanniques en 1971, le cheikh Zayed bin Sultan Al Nahyan, alors souverain d’Abu Dhabi, s’est employé à unifier les sept Émirats et le 2 décembre 1971, six d’entre eux ont d’abord signé le décret. L’état de Ras al-Khaïmah les rejoindra un peu plus tard cette même année.

Après avoir découvert ses gisements de pétrole dans les années 50, les Émirats sont devenus une puissance économique régionale et mondiale. Mais le chemin n’a pas été sans embuche, avec notamment la crise financière mondiale de 2008 et les fluctuations spectaculaires des prix du pétrole au cours de la dernière décennie.

Aujourd’hui, le pays dépend encore largement des recettes pétrolières… mais possède l’économie la plus diversifiée des États du Golfe, avec des investissements dans des secteurs multiples allant du tourisme à la construction.

La colonne vertébrale de cette économie, c’est la main d’œuvre si particulière des Émirats : une communauté internationale qui a élu domicile à cet endroit et qui constitue la sixième population d’immigrés dans le monde, selon l’ONU.

Chaque 2 décembre, les Émiratis et les expatriés se réunissent pour célébrer la fondation du pays avec des feux d’artifice et des festivités traditionnelles. Cette année, plus de 22 000 personnes ont pris part aux célébrations officielles au sein du stade Zayed Sports City, réunissant les dirigeants et les habitants des sept Émirats… comme leurs ancêtres il y a près d’un demi-siècle.

L’entretien : Mohammed Abdul Jalil al-Fahim, président d’honneur du groupe Al Fahim

Avant qu’il y ait des routes, l’entrepreneur Abdel Jalil al-Fahim, le bras droit du premier dirigeant du pays, a tracé la voie en tant que premier importateur de voitures à Abu Dhabi au début des années 60.

Il a créé la société pionnière Al Fahim, qui a permis la croissance de la région, grâce à l’implantation de systèmes d’alimentation en eau et en électricité, contribuant ainsi à la construction des infrastructures du pays.

Son fils Mohammed a commencé à diriger l’entreprise familiale à l‘âge de 20 ans, menant avec succès trois générations du groupe et élargissant ses services, y compris à l’immobilier, l’hôtellerie et la fabrication.

Nous avons rencontré le président d’honneur du groupe Al Fahim, qui partage ses souvenirs et ses projets futurs.

Daleen Hassan pour Euronews : Votre entreprise familiale a grandi pour répondre aux besoins du pays au moment de sa fondation. Mais aujourd’hui, le modèle économique a changé. Cherchez-vous à étendre votre activité à d’autres industries ?

Mohammed Abdul Jalil al-Fahim : Au cours des 35 dernières années, nous avons transformé une petite entreprise locale en une grande entreprise couvrant les Émirats arabes unis et d’autres pays. Nous devons travailler avec ce que nous avons aujourd’hui. Pour augmenter l’activité, nous devons investir. Et étant donné le marché actuel, ce n’est pas le bon moment pour investir.

Quels sont les défis auxquels les entreprises familiales sont confrontées aujourd’hui ?

Je pense que les défis concernent l’héritage et le long terme, le fait de passer le flambeau à la deuxième, puis à la troisième génération. Ces entreprises font face à de nombreuses difficultés aujourd’hui et elles ont besoin du soutien du gouvernement, d’un cadre et de réglementations.

Vous êtes convaincu de la nécessité de transformer les entreprises familiales en sociétés actionnaires, vous avez été le premier à le faire aux Émirats. Pourquoi c’était si important ?

Il était important de veiller à ce que les entreprises ne soient pas démantelées après la première génération. Je pense que les entreprises uniques devraient devenir des sociétés actionnaires. Les entreprises peuvent aussi devenir publiques si elles le peuvent.

Votre entreprise familiale a été créée bien avant que les Émirats ne deviennent une nation. Comment avez-vous vu le pays évoluer depuis ? Et que manque-t-il encore aujourd’hui ?

Aux Émirats, tout a été trop vite. En très peu de temps, nous sommes passés de la comptabilité manuelle à l’électronique et aux ordinateurs, ce qui a créé un fossé. Aujourd’hui, nous devons faire face à une concurrence très forte et pour survivre, nous avons besoin de l’appui du gouvernement, car nos jeunes générations ne veulent pas forcément se lancer en affaires. J’ai trois fils, aucun d’entre eux n’est investi dans l’entreprise.

Vous avez grandi sous le même toit que Cheikh Zayed, quel est votre souvenir le plus cher avec le fondateur des Émirats arabes unis ?

Je me souviens de sa gentillesse et de sa simplicité, il avait les pieds sur terre. Il a toujours pensé que ce que nous faisons aujourd’hui est destiné à la génération future, tout l’opposé de l’égoïsme.

Il y a une anecdote dont vous vous souvenez en particulier ?

Il m’a appelé une fois et m’a tiré l’oreille. J’ai cru que j’avais fait une bêtise et qu’il voulait me punir. Mais il m’a dit : ‘“Écoute, je vais te donner un conseil : si tu le suis, tu réussiras dans ta vie professionnelle. Sinon, tu n’arriveras à rien.’“J’ai dit : “Oui, votre altesse, je vous écoute… “ Il m’a répondu : “Investis ton argent avec ceux qui ont déjà de l’argent, de la même manière que tu élèveras tes enfants avec des familles qui ont des enfants elles aussi.”

Et vous, quel conseil donneriez-vous aux jeunes entrepreneurs qui souhaitent réussir ?

Soyez fidèle, confiant et travailleur. Il faut montrer au gens que nous sommes dignes de leur confiance.

Hommage au “père fondateur”

Au cours de l’année écoulée, des manifestations culturelles ont été organisées aux Émirats arabes unis en hommage à son “père fondateur”. Une œuvre monumentale a même été façonnée pour l’occasion.

Représenté dans un cadre monumental de 30 mètres de haut, le visage du Cheikh Zayed ben Sultan al-Nahyan observe la ville d’Abu Dhabi. L’homme qui a façonné les Émirats est représenté à l’aide d’un millier de petites structures géométriques suspendues par des câbles.

A la nuit tombée, son image s’anime grâce à des centaines de lumières projetées à l’intérieur du cadre. La silhouette scintillante de l’ancien dirigeant flotte ainsi dans les airs et peut s’admirer sous différents angles… Une œuvre imaginée par le sculpteur américain Ralph Helmick et qui porte bien son nom : “Constellation”.

“Je voulais que le spectateur participe à la création lui aussi. Je ne voulais pas quelque chose qui se comprenne d’un seul coup d’œil et qui soit identique quelle que soit la perspective. C’est essentiel de voir l’œuvre à sa manière”, explique l’artiste.

Il aura fallu sept ans de travail depuis sa conception jusqu’à son inauguration cette année. Pour la structure, le projet est à la croisée de la tradition et de la modernité. Une équipe de six designers de Boston ont collaboré avec l’artiste, en s’inspirant de l’architecture islamique très géométrique. Plusieurs équipes américaines et émiraties ont ensuite construit les différentes parties de la structure comme un puzzle géant… Un puzzle assemblé à Abu Dhabi, au cœur du parc commémoratif dédié au fondateur des Émirats.

À quelques pas de son monument commémoratif se trouve une exposition où les visiteurs peuvent découvrir l’homme qu’était le Cheikh Zayed, connecté au monde bien avant l’ère des réseaux sociaux.
La politique étrangère de Cheikh Zayed est gravée sur les murs du musée, avec ses propres mots : “La bonne volonté et le bonheur de tout État se reflètent dans ses relations avec les autres États”. Une philosophie que l’on retrouve dans les cinq galeries qui exposent les objets et souvenirs du fondateur des Émirats. Dans une des vitrines : son tout premier passeport délivré à Bahreïn en 1951, en vue de son voyage sur le continent européen. Sa première étape fut Paris, et ce qui avait commencé comme un simple voyage d’affaires pour des concessions pétrolières a pris une toute autre tournure… Le dirigeant est fasciné par les monuments et les musées tels que le Louvre. Selon ses proches, il déclara à l’époque : “Un jour, il y aura un musée comme celui-ci pour mon peuple”. “Lorsque les émirats ont été formés, Cheikh Zayed avait bien conscience qu’il s’agissait d’un très petit pays et qu’il fallait établir des relations. Il était très actif. Il voyageait donc dans les pays voisins et au-delà, car il voulait amener son pays au niveau international. Il essayait de bâtir des relations durables”, souligne Rym Tina Ghazal, conservatrice du musée commémoratif.

Des relations qui profitent aujourd’hui aux citoyens des Emirats. La preuve : selon le récent classement réalisé par Passport Index, le passeport émirati est considéré comme le plus “puissant” au monde. Les résidents peuvent en effet entrer dans 167 pays sans visa.

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