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Inspire Middle East : le Moyen-Orient à la pointe des nouvelles technologies

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Cette semaine, Inspire Middle East vous emmène au cœur du salon GITEX à Dubaï, l’un des plus gros évènements consacrés aux nouvelles technologies dans la région. Tous les mastodontes de l’industrie sont présents : de Google à Amazon, en passant par Alibaba. Les startups viennent ici chercher conseil et débattre des dernières pratiques telles que l’intelligence artificielle.

Du robot-livreur au robot-pianiste

La 38ème édition du salon de Dubaï met l’accent sur le “tout-technologique”, avec plus de 4000 exposants venus d’une centaine de pays.

Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, les entreprises devraient dépenser 155 milliards de dollars en technologies de l’information d’ici fin 2018. Ce qui représenterait une augmentation de 3,4% par rapport à l’année précédente, selon la société de recherche Gartner.

Au niveau mondial, la valeur commerciale de l’intelligence artificielle pourrait, elle, augmenter de 70% cette année par rapport à l’an dernier, pour atteindre 1 200 milliards de dollars.

L’un des points forts de l’intelligence artificielle : celle-ci est relativement peu coûteuse à intégrer commercialement. Voilà pourquoi elle est au cœur du salon GITEX cette année, avec notamment des androïdes capables d’interpréter toute un panel d’émotions.

Parmi les exposants, on retrouve par exemple Robotikworld, un cabinet de conseil basé à Dubaï qui travaille avec les sociétés des Emirats. Leur travail : proposer des solutions grâce à l’intelligence artificielle pour résoudre divers problèmes, comme réduire les temps de livraison, ou encore numériser les passeports et les cartes de crédit en toute sécurité. Le Promobot, baptisé V4, peut aussi danser sur la musique émiratie ou même imprimer votre portrait…

Au-delà de l’aspect pratique, le salon permet également de découvrir une technologie créative, notamment avec des robots-artistes qui vont jusqu’à composer leurs propres partitions avec des musiciens en chair et en os.

L’un des points culminants de la semaine est sans nul doute le Supernova Challenge. Sorte de concours, à l’initiative du salon GITEX, qui fait appel à l’imagination des jeunes entrepreneurs. Ces derniers sont invités à proposer leurs solutions numériques aux missions du quotidien, tels que programmer un rendez-vous de santé ou encore chercher du travail. A la clé : un prix de 180 000$… de quoi donner quelques idées.

Attention aux “angles morts” de l’intelligence artificielle

Les applications de solutions innovantes pour le quotidien étaient au centre des discussions lors du salon de Dubaï.

Venant de la Silicon Valley et du monde entier, les géants de l’industrie numérique sont venus prodiguer conseils et prévisions de dépenses pour l’avenir.

Pour cette édition 2018, le salon GITEX regorge de nouveautés. Tim Berners-Lee, professeur à Oxford et principal inventeur du Web il y a près de 30 ans, a annoncé le lancement d’une nouvelle plateforme baptisée Solid. Son objectif : rendre aux internautes le contrôle complet de leurs données.

Côté intelligence artificielle, le directeur de la stratégie digitale de LinkedIn a évoqué les “angles morts” de ces nouvelles technologies dont les entreprises doivent avoir conscience.

“Il ne faut pas oublier qu’à chaque intelligence artificielle, il y a un véritable être humain de l’autre côté. Donc il faut faire attention à ne pas construire un système biaisé, et rester toujours honnête et transparent”, explique Igor Perisic.

Avec quelque 3 millions de membres inscrits sur LinkedIn aux Emirats, le marché du travail émirati apparaît comme l’un des plus dynamiques de la région. Et les perspectives de croissance pour l’année prochaine sont plutôt bonnes selon Igor Perisic.

Selon les conclusions du rapport sur l’avenir des emplois, réalisé conjointement avec le Forum économique mondial, les employés du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord n’auraient rien à craindre du développement de l’intelligence artificielle et des robots.

“En fait, cela va donner un élan positif. Il y aura plus d’emplois créés que d’emplois perdus. Les sociétés ont déjà commencé à former leur main-d’œuvre et à investir pour acquérir de nouvelles compétences pour l’avenir”, poursuit Igor Perisic.

Aux côtés des dirigeants de LinkedIn, on retrouve également ceux de Microsoft ou d’Alibaba, la célèbre plateforme de commerce chinoise, qui ont débattu ensemble de la manière dont l’intelligence artificielle pourrait influencer leur secteur.

L’entretien d’Inspire : Wanli Min, responsable scientifique du géant chinois Alibaba

Wanli Min est le responsable scientifique de l’intelligence artificielle chez Alibaba. Il explore les technologies émergentes et analyse en quoi les véhicules autonomes ou les villes intelligentes pourraient répondre à la demande des populations actuelles.

Son projet “City Brain”, “intelligence urbaine”, est dédié au trafic en continu, à la détection des accidents et à l’amélioration de la fluidité des transports.

Avec une valeur de marché estimée à plus de 400 milliards de dollars, Wanli Min assistait au salon GITEX avant que sa société ne divulgue ses résultats trimestriels.

Au-delà des chiffres, il s’est entretenu avec Inspire sur la meilleure manière d’encourager les jeunes entrepreneurs numériques du monde entier. Il évoque également pour nous le déploiement de son projet « City Brain » en Asie, qui pourrait s’implanter au Moyen-Orient.

Rebecca McLaughlin-Duane pour Euronews : Dites-moi, quel est le secret en ce qui concerne le fameux cloud urbain d’Alibaba ?

Wanli Min : En fait, c’est plus qu’un simple cloud, ce ne sont pas que des données. Par exemple, avec « City Brain », nous parvenons concrètement à réduire les embouteillages dans de nombreuses grandes villes en Asie telles que Shanghai, Macao ou encore Kuala Lumpur. Nous réduisons ainsi le temps de trajet et le trafic global.

Et c’est particulièrement important en ce qui concerne les ambulances et les services d’urgence…

Oui, tout à fait, car il s’agit de missions urgentes qui se retrouvent souvent bloquées dans les embouteillages, notamment dans les mégalopoles chinoises.

Si je comprends bien, vous fluidifiez la circulation générale en ville ?

Oui, le plus délicat dans ce processus est de calculer et de synchroniser toutes les données en une seule seconde.

Dans quelle mesure est-ce réaliste de copier et d’implanter ce modèle ici au Moyen-Orient ?

Je pense qu’on pourrait le faire en trois mois.

Combien cela coûterait-il aux gouvernements concernés ? Devraient-ils renoncer à certaines choses pour s’offrir cette technologie ?

Tout d’abord, c’est un investissement moindre par rapport à un investissement matériel, où on aurait besoin de mettre en place des capteurs par exemple. Car il s’agit d’une solution qui se base sur des données déjà existantes. Il faut simplement savoir les exploiter.

Alibaba souhaite également ouvrir un institut pour les entrepreneurs numériques en Indonésie. Est-ce quelque chose d’envisageable aussi au Moyen-Orient ?

Nous avons déjà une plateforme baptisée « ten shi » qui vise à familiariser la jeune génération avec les données. C’est une plateforme que nous pourrions rendre accessible dès à présent car elle a fait ses preuves, et elle peut s’adapter à différents marchés étrangers.

Alibaba publiera prochainement ses chiffres trimestriels. Certains experts disent que que les dépenses en terme d’investissement pourraient avoir un impact négatif. Ont-ils raison ?

N’importe quel investissement est un investissement pour l’avenir. Donc s’il n’y a que l’impact à court terme qui vous intéresse, vous ne vous occuperez jamais du futur. Je pense qu’on gagne à réfléchir sur le long terme, au-delà du gain immédiat. Je dirais que si l’on investit plus, on y gagnera à l’avenir.

L’exemple d’un partenariat libano-britannique innovant

Le Centre technologique libanais, basé au Royaume-Uni, est un programme international visant à promouvoir l’économie du savoir au Liban.

Ce dispositif aide les jeunes sociétés libanaises à pénétrer les marchés européen et international, à la fois en attirant des investisseurs, mais également en levant des capitaux. Plus de 80 entreprises en ont déjà profité, créant du même coup quelque 2000 emplois au Liban.

“Nous proposons différents services commerciaux afin de favoriser le développement au sein du Liban et à l’étranger. Pour nous, le Royaume-Uni apparait comme une évidence, en raison des multiples possibilités offertes aux entreprises et aussi de sa proximité avec les autres marchés internationaux”, raconte Houssein el-Sayed, responsable d’investissement au centre.

Un exemple marquant soutenu par le Centre : le Dr Nadine Hachach-Haram supervise régulièrement des opérations qui se déroulent à Beyrouth… alors qu’elle se trouve physiquement à Londres. La chirurgienne est à l’initiative d’une startup axée sur la réalité augmentée (Proximie), qui permet aux cliniciens du monde entier d’intégrer virtuellement une salle d’opération… “Par exemple, il y a quelques mois, on a été confrontés à un cas délicat de reconstruction de la paroi abdominale, gérée par l’Université américaine de Beyrouth et des experts basés ici au Royaume-Uni. Grâce à ce système, les chirurgiens ont pu échanger des informations en direct. C’était un excellent moyen pour partager des expertises sur une opération compliquée”, se réjouit Dr Nadine Hachach-Haram.

Ce partenariat permet également de donner un coup de pouce aux entreprises commerciales, comme Slidr par exemple, qui a élu domicile dans la capitale britannique. Ce site basé sur des algorithmes a été conçu pour faire baisser le prix des gadgets technologiques.

“L’idée est née au Liban. Avec mes partenaires, nous étions fascinés par le commerce électronique. Dans ce secteur, le marché britannique représente plus de 100 milliards de dollars et les achats de smartphones augmentent de 19% par an. C’était donc tout naturel de s’implanter ici”, explique Talal Cheaib, co-fondateur de Slidr.com.

Au centre technologique, Houssein el-Sayed fait la connaissance d’un des fondateurs d’une nouvelle startup installée à Beyrouth. Celle-ci a choisi le secteur de la musique et développe des gadgets pour accorder automatiquement sa guitare.

“C’est assez difficile de se développer sur un nouveau marché. Mais il existe de nouveaux outils et de nouvelles technologies, comme les pépinières de jeunes entreprises à l’image du centre technologique libanais. C’est une aide précieuse”, témoigne Bassam Jalgha, cofondateur de Band Industries.

Londres et Beyrouth se trouvent peut-être à des milliers de kilomètres l’une de l’autre, mais sont plus proches que jamais en matière de nouvelles technologies, travaillant main dans la main pour développer les innovations de demain.

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