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Cinéma : le rendez-vous des peuples des Congos à Douarnenez en France

Cinéma : le rendez-vous des peuples des Congos à Douarnenez en France

France

Les peuples des Congos en tête d’affiche pour la 41e édition d’un festival de cinéma à Douarnenez dans l’ouest de la France. Pendant dix jours, la communauté des Congos vont vibrer au rythme de leurs cultures : l’occasion de débats et de découvertes de talents dans ces deux pays à l’actualité souvent tragique.

En 40 ans, “nous nous sommes rendu compte que nous nous étions très peu intéressés à l’Afrique sub-saharienne et qu’il était grand temps”, explique Yann Stéphant, qui dirige depuis cinq ans ce festival hors norme, pour justifier le thème retenu pour 2018.

Jusqu’au 25 août, quatre-vingts films, documentaires ou fictions, et sans doute autant de débats, sont proposés à Douarnenez pour tenter d’apprivoiser cette immensité d’Afrique centrale “au coeur des ténèbres”, selon le titre d’un des romans de Joseph Conrad.

“On accueille beaucoup de jeunes créateurs”, se réjouit le responsable du festival. A l’image de Machérie Ekwa Bahango, une jeune réalisatrice dont la première fiction figure dans la sélection panorama à la Berlinale 2018: à travers le portrait d’une jeune fille, “Maki’la”, tourné à Kinshasa, met en scène la survie au quotidien des enfants des rues, entre violences faites aux femmes, pauvreté et délinquance.

Le festival permet aussi de découvrir quelques raretés, tel ce documentaire de 1953, “Les statues meurent aussi”, signé Chris Marker, Alain Resnais et Ghislain Cloquet, celui, en 16mm, de Mweze Ngangura – présent à Douarnenez -, “Kin kiesse ou les joies douces amères de Kinshasa-la-belle” (1982) et l’oeuvre du réalisateur haïtien Raoul Peck, “Lumumba, la mort d’un prophète” (1992) sur cette figure charismatique de l’histoire congolaise, assassinée en 1961.

Débats sensibles

Mais Douarnenez ne serait rien sans ses éternels débats jusqu‘à plus d’heure. “C’est vrai qu’une de nos spécificités, ce sont ces espaces de paroles souvent assez politiques”, euphémise Yann Stéphant. Parmi ceux qui n’ont pas été contraints à l’exil, ce sont des débats parfois sensibles pour des intellectuels ou des artistes soumis à des régimes pointés du doigt par les organisations de défense des droits de l’homme.

D’un côté du fleuve Congo et de ses 4.300 km, la République démocratique du Congo (RDC, ex-Zaïre) et ses 78 millions d’habitants sur plus de 4 fois la France; sur l’autre rive, la République du Congo et ses 5 millions de citoyens sur 345.000 km2. Et deux capitales, Kinshasa et Brazzaville, qui se font face, séparées par le fleuve.

Après moult tergiversations, une élection présidentielle est prévue en décembre en RDC, dont l’Est reste miné par la violence de groupes armés. Son président, Joseph Kabila, au pouvoir depuis l’assassinat de son père en 2001, vient de faire savoir qu’il ne se représenterait pas, conformément à la Constitution.

Dernier épisode de violence en date en République du Congo, où Denis Sassous-Nguesso affiche 34 ans de présidence, le gouvernement a reconnu la mort de 13 jeunes dans un commissariat fin juillet.

Deux pays aussi dont les riches sous-sols attirent les convoitises.

Pour Yann Stéphant, la situation est différente bien qu’il s’agisse dans les deux cas de “régimes autoritaires”. En RDC, “il y a énormément de mouvements citoyens” alors qu’au Congo Brazzaville, il y a “une vraie chape de plomb”. De ce fait, “les artistes ont d’autant plus de poids”. Les représentants de la société civile et les artistes présents livreront leurs témoignages au cours des débats.

Au-delà du thème de chaque édition, à Douarnenez, la diversité s’entend au sens large. Depuis 2009, le festival porte une attention particulière aux sourds, traduisant avec l’aide de 25 interprètes l’intégralité des débats et une large part des films en langue des signes. Ceux-ci le lui rendent bien, puisqu’une quarantaine d’entre eux figurent désormais parmi les 350 bénévoles.

De même, depuis 2011, les LGBTQI (lesbiennes, gays, bisexuels, trans, queer et intersexes) ont officiellement leur place à la table des festivités. Ce qui explique qu’en 2015, le premier forum international intersexe (personnes nées de sexe indéfini) se soit tenu dans le port breton.