Mauritanie
À moins d’un mois des législatives en Mauritanie, des organisations des droits de l’homme appellent le gouvernement à remettre en liberté l’activiste Biram Dah Abeid.
Biram Dah Abeid, activiste anti-esclavagiste mauritanien et candidat à la députation de septembre en Mauritanie a été arrêté mardi à son domicile dans la capitale, Nouakchott, et emprisonné dans la partie sud de la ville. Selon des sites locaux, il a été déféré ce jeudi. La police met en avant la plainte d’un journaliste qui accuse Biram Dah Abeid de l’avoir menacé.
Pure diffamation, assurent les membres de son mouvement IRA (Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste) qui crient plutôt à la conspiration politique.
“La dynamique politique dans laquelle s’inscrit le président Biram Dah Abeid est une dynamique qui fait peur aux autorités qui veulent entraver ses activités, saboter le travail et faire peur aux militants et aux soutiens du candidat Biram Dah Abeid et des candidats de Sawab de façon générale”, a déclaré à RFI Balla Touré, cadre de l’IRA.
Entre ces versions divergentes, c’est bien le calendrier de l’arrestation du chef de l’IRA qui interpelle. Elle intervient le jour même où M. Abeid devait recevoir son récépissé définitif pour les élections législatives et locales prévues le 1er septembre auxquelles se présentent également d’autres militants anti-esclavagistes, dont d’anciens esclaves.
Affronter le débat sur l’esclavage
Karine Penrose-Theis, responsable du programme Afrique à Anti-Slavery International, a déclaré que la récente arrestation de Biram Dah Abeid était “très préoccupante”.
“Le gouvernement mauritanien a une longue tradition de répression contre les militants anti-esclavagistes et, étant donné qu’il devait se présenter aux élections législatives en septembre, on ne peut s’empêcher de s’inquiéter”, a-t-elle déclaré.
“Plutôt que de sévir contre les militants, il est temps que le gouvernement mauritanien fasse la lumière sur l’esclavage qui affecte encore des milliers de personnes dans le pays et qu’il commence à s’attaquer au problème avec le sérieux qu’il mérite”.
Bien qu’illégal depuis 1981 en Mauritanie, l’esclavage reste présent dans le pays selon les groupes de défense des droits humains. Ces derniers estiment à 20 % de la population les personnes qui vivent toujours en servitudes, contraintes de travailler dans des exploitations agricoles ou dans des foyers sans possibilité de liberté, d‘éducation ou de rémunération.
Biram Dah Abeid, issu de la communauté haratine et lui-même fils d’esclave a fondé l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste en 2008. Arrêté à plusieurs reprises pour son engagement contre l’esclavage, il a été récemment libéré en 2016, après avoir passé 20 mois en prison pour “incitation à des troubles” et appartenance à “une organisation non reconnue”.
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