Pour la première visite d’un chef d’Etat français au Nigeria, Emmanuel Macron a voulu casser les codes diplomatiques, se faisant le bâtisseur d’un pont culturel nouveau entre Lagos et Paris.
Le Shrine, célèbre night club de Lagos n’a rien d’un luxueux palais présidentiel ou haut lieu diplomatique dans lequel pourrait s’accommoder un chef d’Etat. Pourtant, c’est dans cette salle que le président français Emmanuel Macron, en courte étape au Nigeria après un séjour en Mauritanie où il a participé au sommet de l’Union africaine, a décidé de passer sa soirée de mardi.
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Le symbole est frappant. Le Shrine, iconique discothèque bâtie en l’honneur du non moins iconique artiste nigérian Fela Kuti décédé en 1997 est devenue l’un des emblèmes de la culture nigériane portée en partie par l’Afrobeat dont il a été le pionnier et relancé par son fils Femi Kuti.
Mardi, Emmanuel Macron simplement vêtu d’une chemise blanche aux manches relevées et d’un pantalon noir a assisté à un défilé de mode et au concert de Femi Kuti aux côtés d’artistes et musiciens africains de renommée tels que la Béninoise Angélique Kidjo ou le Sénégalais Youssou Ndour.
Une culture africaine contée par l’Afrique
C’est aussi de cette culture qu’Emmanuel Macron, premier président français à se rendre à Lagos, mégapole la plus peuplée d’Afrique, veut se rapprocher. “On parle toujours de l’Afrique d’avant, mais trop rarement de Nollywood (l’industrie cinématographique du Nigeria est la deuxième au monde en terme de production), de la musique contemporaine”, portée notamment par les artistes nigérians sur le reste du continent.
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Bien sûr, cette célébration de la culture africaine entre en corrélation avec les défis sécuritaires et économiques sur le continent. Comme le rappelle le président français, il s’agit “d‘élargir le partenariat entre la France et le Nigeria sur des sujets culturels, économiques et sportifs”, le moyen selon lui de donner des “perspectives et des opportunités à la jeunesse” pour qu’elle ne rejoigne pas les mouvements djihadistes.
La visite à Lagos a du reste servi de cadre pour le lancement de l’organisation de la Saison des cultures africaines qui se tiendra en France en 2020. Une initiative qui vise à promouvoir la culture africaine dans toute sa diversité. Une promesse qu’avait d’ailleurs faite Emmanuel Macron lors de son discours à Ouagadougou en novembre 2017, au cours duquel il a décliné sa stratégie pour le continent.