Etats-Unis
Donald Trump a gracié hier à titre posthume, le boxeur noir Jack Johnson, premier Américain champion du monde poids lourd emprisonné il y a un siècle pour avoir eu une relation amoureuse avec une femme blanche. Pourtant, il aurait fallu peut-être des excuses pour cette injustice subie par un citoyen
« Est-il interdit d’aimer une fille d’un autre pays ? » , s’interrogeait dans les années 1980 le célèbre musicien congolais Pamelo Mounka. Mais, bien avant lui, il est fort possible que des Américains se fussent posé la question : « Est-il interdit d’aimer une fille d’une autre couleur ? ».
Une question qui valait la législation américaine d’il y a un siècle. En 1912, Jack Johnson, pourtant fierté de tous les 50 États unis d’Amérique en matière de boxe en catégorie poids lourds est jeté en prison. Son tort ? Une relation qu’il avait eue avec sa compatriote blanche Lucille Cameron qui sera elle aussi emprisonnée. L’amour entre un Black et une White fut perçu comme une violation du « Mann Act ». Votée deux ans plus tôt, cette loi punissait le fait de transporter une femme d’un État à un autre dans un “quelconque but immoral” (?).
Et malgré les épreuves de la prison, les deux amoureux ne se sont jamais séparés jusqu‘à la mort en 1946 du boxeur.
Jack Johnson
Dans le dessein sans doute d’effacer ce qu’un observateur a appelé « aberration juridico-sociale », Donald Trump a procédé hier à la signature de la grâce présidentielle en faveur de Jack Johnson. “Je pense que Jack Johnson est une personne qui mérite de recevoir un pardon, de corriger une erreur dans notre histoire”, a expliqué le président américain en présence de célébrités dont l’acteur Sylvester Stallone. Lui qui, à travers le personnage John Rambo dans le film Rambo 2 disait : « Il faut que notre pays (États-Unis) nous aime autant que nous l’aimons ».
Today, President Trump posthumously pardoned heavyweight boxing champion Jack Johnson. pic.twitter.com/JzKP87ZxVM
— The White House (@WhiteHouse) 24 mai 2018
Mais, quelle que soit sa portée morale et/ou politique, ce pardon est loin de satisfaire son bénéficiaire. Lorsqu’on est victime d’une injustice, on attend des excuses de la part de l’auteur. Que ce dernier parle en termes de pardon ou de grâce relève à n’en point douter de la légitimation de cette injustice quoique consacrée par la loi. Là est tout le paradoxe de cette grâce de Trump.
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