Zimbabwe
Les propos de Terence Mukupe, vice-ministre des Finances au Zimbabwe font polémique dans le pays après qu’il a suggéré que l’armée n’est pas encore prête à céder le pouvoir à l’opposition.
Une sortie qui remue le couteau dans la plaie alors que le Zimbabwe se remet difficilement des décennies de règne de Robert Mugabe jugées chaotiques et répressives, notamment sur les droits humains.
Pourtant, de l’avis de Terence Mukupe, vice-ministre des Finances dans le gouvernement du président Emmerson Mnangagwa, le parti au pouvoir est loin d’avoir rompu avec ses vieilles habitudes. Dans une vidéo apparue en ligne lundi, on y voit le ministre raconter, à Harare, que l’armée ne laisserait pas le leader de l’opposition Nelson Chamisa accéder au pouvoir s’il battait le président Mnangagwa aux élections.
Le Zimbabwe doit organiser des élections générales le 22 août, la première depuis que l’armée a forcé à la démission Robert Mugabe, âgé de 94 ans, pour le remplacer par son vice-président Emmerson Mnangagwa. Constantino Chiwenga, le général qui a dirigé le coup d’Etat de facto, est depuis devenu vice-président.
“Notre pays, de là où nous venons et où nous sommes aujourd’hui, a besoin d’une personne mûre, d’une main ferme”, a déclaré Mukupe dans la langue shona, à des partisans. “Honnêtement, nous ne pouvons pas dire que l’armée a pratiquement pris le pays des mains de Mugabe, afin qu’ils puissent le remettre à Chamisa”, a-t-il ajouté.
Le gouvernement prend ses distances
Outre les implications de fraude et de force que sous-tendent ces déclarations, elles viennent également conforter les partisans de Mugabe qui ont toujours soutenu que l’ancien président a été déposé illégalement.
En tout cas, à la Zanu-PF, le parti au pouvoir, les cadres ont vite pris de la distance avec les propos du vice-ministre des Finances. Simon Khaya Moyo, ministre de l’Information par intérim, a déclaré dans un communiqué que les commentaires ne représentaient pas la position du parti au pouvoir, le gouvernement ou l’armée.
“Suggérer que nos organes de sécurité bien respectés agissent de manière partisane par rapport à la politique du pays, en plus d‘être non autorisés, est illégal, imprudent, impropre, injustifié et donc totalement condamnable”, a déclaré Moyo.
“Ils mettent en péril la paix et la stabilité nationales et constituent un défi de front aux principes et aux pratiques de la démocratie”, a-t-il martelé.
Pendant longtemps, l’armée a été pointée pour son soutien ouvert à Zanu-PF. Elle aurait à plusieurs reprises affirmé qu’elle ne permettrait pas à l’opposition d’accéder au pouvoir.
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