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Au Burundi, un référendum à hauts risques

Au Burundi, un référendum à hauts risques

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Le Burundi s’apprête à entrer dans une nouvelle spirale d’incertitudes. Les ONG de défense des droits humains ne cessent d’alerter sur les risques de la tenue d’un référendum, synonyme d’un maintien au pouvoir, pour encore longtemps de Pierre Nkunrunziza.

Les voyants sont à l’orange. Certains diront au rouge. Au Burundi, le référendum qui se tiendra ce jeudi sans observateurs internationaux – pas même ceux de la Communauté est-africaine – inquiète l’opposition, la communauté internationale de même que les ONG de défense des droits humains.

Les inquiétudes sont d’autant plus insistantes que ce pays d’Afrique de l’Est a du mal à se remettre de trois ans d’une violente crise politique, née justement de la décision du président Pierre Nkurunziza de briguer un autre mandat à la présidentielle de 2015.

Cette fois, il est question d’un amendement de la Constitution de 2005 qui implique une autre extension de pouvoir. En effet, cet amendement constitutionnel requiert une révision de la durée du mandat présidentiel ; ce qui pourrait permettre au président burundais Pierre Nkurunziza de se maintenir au pouvoir jusqu’en 2034.

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Non seulement, le nouveau texte allonge la durée du mandat à sept ans, mais il supprime aussi le poste de vice-président pour la création d’un poste de Premier ministre. Autre changement non moins négligeable, le texte vient totalement remettre en cause la clause selon laquelle le pouvoir exécutif est partagé entre le président, les deux vice-présidents et le gouvernement. Désormais, selon la nouvelle mouture, la politique de la Nation est “définie” par le président et “mise en œuvre” par le gouvernement.

Risque d’un “parti unique sanguinaire”

Outre l’environnement de violence et d’intimidation engendré par ce scrutin, c’est bien l’avenir politique du Burundi et donc sa stabilité à moyen terme qui préoccupe. De l‘œil de certains analystes, le référendum vient carrément ensevelir l’Accord d’Arusha, jusque-là gage d’un partage de pouvoir équitable entre la majorité Hutu et la minorité Tutsie dans le pays.

En effet, aucune mention n’est faite des quotas ethniques, question extrêmement sensible, qui prévoyaient jusque-là que le gouvernement et le Parlement soient composés à 60 % de Hutu et 40 % de Tutsi.

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Qu’impliquent ces profonds changements ? Faut-il craindre un scénario à la rwandaise ? Absolument, on n’en est pas encore là, même si selon les observateurs, tous les germes y sont plantés. L’accord d’Arusha garantissait à la majorité hutu, longtemps écartée du pouvoir, d’y accéder grâce au principe “un homme – une voix”. Elle acceptait, en contrepartie, de partager le pouvoir avec la minorité tutsi, qui disait craindre un génocide.

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Aujourd’hui, plus que jamais, c’est la matérialisation du pouvoir par le président Pierre Nkurunziza et son clan qui semble inquiéter ses détracteurs. L’opposition promet en effet des lendemains apocalyptiques dans un pays désormais aux mains d’un “parti unique sanguinaire”, dirigé par “un guide suprême éternel” et qui va sûrement replonger dans la guerre civile.

Mais pour les tenants du pouvoir à Bujumbura, “demain sera radieux”, car les Burundais vont enfin être maîtres de leur destin.

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