Burundi
Human Rights Watch (HRW) a dénoncé mardi une répression accrue au Burundi à un mois d’un référendum constitutionnel qui pourrait permettre au président Pierre Nkurunziza de rester au pouvoir jusqu’en 2034.
Dans un communiqué accompagnant la publication d’un rapport, l’ONG accuse les forces gouvernementales et les membres du parti au pouvoir d’avoir “tué, passé à tabac et intimidé des citoyens perçus comme des opposants”, en vue du référendum du 17 mai.
“Ces exactions reflètent l’impunité dont jouissent généralement les autorités locales, la police et les membres de la ligue des jeunes du parti au pouvoir, les Imbonerakure (que l’ONU qualifie de milice), pour les abus qu’ils commettent”, écrit HRW.
Selon l’organisation, depuis l’annonce de ce référendum en décembre 2017, les autorités locales, la police et les Imbonerakure ont recours “à des tactiques d’intimidation et à la répression pour s’assurer que le résultat du vote soit favorable à Nkurunziza”.
L’ONG confirme 19 cas d’abus mais souligne que “l’ampleur véritable de cette vague d’abus est très probablement beaucoup plus grande”. “Il est devenu plus difficile de confirmer les détails des abus commis dans le climat de peur qui s’est emparé du pays”.
HRW décrit notamment les exactions subies par un membre du parti d’opposition FNL, Dismas Sinzinkayo, battu par quatre Imbonerakure le 24 février dans la province de Kayanza parce qu’il “n’avait pas pu produire un récépissé attestant qu’il s’était fait inscrire en vue du vote”.
“Les Imbonerakure l’ont fait sortir de force de sa maison et ont commencé à le frapper, (…), il est mort sur le champ”, selon un témoignage recueilli par HRW. Plusieurs habitants “ont affirmé que les quatre Imbonerakure avaient été arrêtés et détenus pendant trois jours, puis remis en liberté”.
HRW appelle les autorités à “ordonner immédiatement et publiquement aux responsables et aux membres des Imbonerakure de cesser d’intimider, de passer à tabac, d’arrêter illégalement et de maltraiter les gens”.
L’organisation appelle le système judiciaire à “enquêter sur les crimes documentés par Human Rights Watch et à poursuivre leurs auteurs”.
“Le gouvernement a commis des abus généralisés contre les citoyens burundais au cours des trois dernières années, depuis l’annonce par Nkurunziza de sa candidature pour un troisième mandat controversé”, accuse Ida Sawyer, directrice pour l’Afrique centrale de HRW.
L’annonce en avril 2015 de la candidature de M. Nkurunziza à un troisième mandat avait plongé le Burundi dans une crise politique qui a fait depuis au moins 1.200 morts et plus de 400.000 déplacés, et sur laquelle la Cour pénale internationale a ouvert une enquête.
Les Imbonerakure sont accusés par les ONG, l’ONU et la CPI d‘être responsables aux côtés de la police, des services secrets et de l’armée, de graves violations des droits de l’homme depuis avril 2015.
AFP
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