Mali
Les Fama (Forces armées maliennes) ont été accusées ce dimanche par une association peule et des proches de 14 détenus d’avoir sommairement exécuté lesdits prisonniers. Les faits se seraient déroulés à Dioura, village de la commune de Karéri, dans le cercle de Ténenkou (région de Mopti). Une accusation qui fait un croc en jambe à la déclaration faite vendredi dernier par l’armée. Les détails.
“Exécutions sommaires’‘. Tels sont les termes employés par Tabital Pulaaku, la principale association de la communauté peule au Mali, pour qualifier la mort des quatorze détenus éliminés par les Fama ce vendredi. Tandis que les militaires parlent de ‘‘tentative d‘évasion’‘, leur thèse est balayée du revers de la main par l’association peule et les proches des détenus tués.
“Il ne s’agit pas du tout d’une tentative d‘évasion. Nos sources sont sûres. Ces personnes ont été victimes d’exécutions sommaires. Nous avons les noms de ces personnes. Ce n’est pas normal que des militaires chargés de protéger les populations tuent des civils “, martèle Nouhoum Sarr, membre de Tabital Pulaaku. Monsieur Sarr ajoute que les détenus ont été arrêtés près de Dioura, le 5 avril dernier. Il affirme de même avoir eu un entretien téléphonique avec le ministre malien de le Défense, qui lui aurait promis de “faire la lumière sur l’affaire”.
Des propos qui sont aux antipodes de la déclaration faite par les Fama, qui faisaient entendre vendredi dernier que “suite à une présumée tentative d‘évasion, quatorze suspects terroristes ont trouvé la mort le 6 avril 2018 à Dioura”. La veille de leur mort, les détenus avaient été arrêtés et mis à la disposition des Fama.
Deux des proches des quatorze individus tués lancent la même accusation à l’encontre de l’armée. Eux aussi brandissent la thèse des exécutions sommaires. “Mon cousin Moussa Nay Diallo fait partie des gens tués. Ils n’ont pas essayé de fuir, parce qu’ils n’ont rien à se reprocher. Ils ont été tués par des militaires”, fait savoir l’un de ces proches, habitant de la localité.
Nous mentionnions dans l’une de nos parutions les accusations dont fait l’objet la minorité peule du Mali. Celle-ci est accusée de collaboration avec les islamistes du groupe armé du prédicateur jihadiste peul Amadou Koufa. Le groupe de ce dernier a fait irruption au Mali en 2015, dans la région de Mopti. La mort des quatorze individus a-t-elle un rapport avec ce lien fait entre le groupe djihadiste peul et la communauté du même nom ? Cela reste à voir.
Ces exécutions sommaires présumées ne sont pas les premières du genre dans la région. A ce titre, des exécutions extrajudiciaires y ont récemment fait six morts, poussant Amnesty International à réclamer auprès des autorités maliennes une enquête sérieuse et approfondie sur cette affaire. Les six corps avaient été retrouvés entassés dans une fosse commune.
De la volonté expansionniste des fondamentalistes religieux
C’est en mars-avril 2012 que le Nord-Mali est tombé sous les griffes des islamistes, venus pour la plupart d’Algérie d’où ils ont été chassés. Ces fondamentalistes religieux, alliés d’Al-Qaïda, ont dans un premier temps mis en déroute les Touaregs et l’armée malienne, puis régné d’une main de fer sur la région. Ils y ont imposé une vision rigoriste de l’islam, laissant dans leur sillage de nombreux morts et mutilés, entre autres.
Les djihadistes sont finalement tombés sous le feu nourri de l’Opération Barkhane (campagne militaire internationale) lancée en janvier 2013, menée au Sahel pour combattre les terroristes et dont le fer de lance est l’armée française. Cette opération militaire se poursuit jusqu‘à ce jour, les terroristes n’ayant pas renoncé à leur volonté de soumettre le Sahel, voire, toute l’Afrique de l’Ouest à leur volontés d’islamistes.
A cet effet, des zones entières du Nord-Mali échappent encore au contrôle de Barkane et des Fama. Elles sont de ce fait la cible d’attaques islamistes sporadiques. Cela, en dépit de la signature en mai-juin 2015 d’un accord de paix, censé isoler définitivement les jihadistes. L’application de cet accord de paix se fait toujours attendre.
Parties du Nord, ces attaques se sont étendues jusqu’au centre du Mali. Le Burkina Faso et le Niger, deux pays voisins du Mali, subissent eux aussi depuis 2015 les foudres de la folie expansionniste des islamistes.
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