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Les élections kényanes manipulées par le cabinet Cambridge Analytica ?

Les élections kényanes manipulées par le cabinet Cambridge Analytica ?

Kenya

Le cabinet britannique Cambridge Analytica aurait joué un rôle clé dans la réélection du président kényan Uhuru Kenyatta à travers l’exploitation de données personnelles récoltées sur les réseaux sociaux. Le cabinet est actuellement pris dans le feu d’un autre scandale avec Facebook.

Le géant des réseaux sociaux, Facebook, a suspendu il y a quelques jours Cambridge Analytica pour avoir récolté frauduleusement des données sur 50 millions de profils. Ces informations auraient permis d’orchestrer la victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine de 2016. Mais pas que. Un chef d’Etat africain aurait également profité des “conseils” du cabinet pour sa réélection : Uhuru Kenyatta du Kenya.

Lors d’une “opération d’infiltration” menée sur quatre mois, un journaliste de la chaîne britannique Channel 4 News a pu tirer les vers au nez des dirigeants du cabinet, notamment sur leur mode de fonctionnement. Ainsi, Mark Turnbull, le directeur général de la division politique de Cambridge Analytica, a révélé avoir secrètement organisé les campagnes électorales du président kényan en 2013 et 2017.

“Nous avons rebaptisé l’ensemble du parti deux fois, écrit le manifeste, fait des recherches, des analyses, des messages. Je pense que nous avons écrit tous les discours et que nous avons organisé le tout, donc presque tous les éléments de ce candidat”, explique Turnbull au journaliste qui s’est fait passer pour un client fortuné qui aurait voulu influencer des élections au Sri Lanka.

Campagne de dénigrement contre l’opposition

Détenue par la famille Mercer aux Etats-Unis, proche des Républicains, Cambridge Analytica exploite à la fois les données en ligne et les profils “psychométriques” individuels pour personnaliser les messages politiques et ainsi communiquer avec les partisans d’un candidat et les électeurs indécis. Ses méthodes jugées controversées ont été décriées lors du Brexit en Grande-Bretagne et de la présidentielle américaine en novembre 2016.

Au Kenya, le cabinet est aujourd’hui accusé d’avoir fomenté une campagne de désinformation pour influencer l’opinion publique et dénigrer des candidats de l’opposition, à l’aide notamment de messages de propagande sponsorisés et diffusés sur les réseaux sociaux. À tel point que Facebook et sa filiale WhatsApp furent obligés de mener une contre-offensive pour aider leurs utilisateurs à repérer les “fake news”.

Uhuru Kenyatta ni son parti n’ont toujours pas réagi aux accusations dont fait l’objet Cambridge Analytica, et qui surtout, viennent saper une nouvelle fois la crédibilité des élections kényanes.

L’opposition au Kenya a contesté les élections d’août 2017 décriant des manipulations informatiques. Elle a été ralliée dans sa logique par la Cour suprême qui a invalidé les résultats de ce scrutin. Cette Cour a toutefois entériné les résultats des élections d’octobre qui ont donné pour vainqueur Uhuru Kenyatta.

À l’issue d’une longue crise électorale qui a fait plusieurs dizaines de morts, Uhuru Kenyatta et son principal opposant Raila Odinga ont finalement opté pour la réconciliation le mois dernier. À la surprise générale.

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