Tunisie
Des centaines de jeunes tunisiens en chômage campent quotidiennement sur les sites d’extraction du phosphate dans le centre de la Tunisie, réclamant des emplois.
La mine, l‘émigration ou “la mort” est la loi de ces derniers qui accusent les grandes entreprises comme la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG), monopole public, d‘être gangrenées par la corruption qui s’y est installée depuis la présidence de Zine El Abidine Ben Ali. Sa chute en 2011 n’a pas entraîné d’amélioration.
« Depuis la révolution, cela a duré (la situation). Cela fait 7 ou 8 ans qu’on n’est pas encore arrivé à produire à notre capacité, faire le tonnage qui était notre objectif. On faisait 8 millions de tonnes. Actuellement, on n’est même pas arrivés à 4.” S’inquiète Ali Khmili, Secrétaire général de la CPG au siège de Gafsa.
La compagnie, qui a produit jusqu‘à 8 millions de tonnes par an, a péniblement extrait 4,2 de tonnes de phosphate l’an dernier.
Les nouveaux blocages ont débuté quelques semaines après une série de manifestations et émeutes dans plusieurs villes, alimentées par des hausses de prix.
D’autres régions connaissent un regain de tensions, alors que le pays s’approche d‘échéances électorales : municipales en mai, législatives et présidentielle en 2019.
À Gafsa, l’inévitable exacerbation des tensions politiques a compliqué les négociations, et la production a été paralysée pendant plus de six semaines.
“S’il y a encore des blocages, il sera difficile de remonter la pente parce que, effectivement, à chaque fois que l’on est arrêtés, c’est de l’argent qui est perdu. Donc, sur l’avenir de l’entreprise, cela va influer, certainement.” Ajoute le Secrétaire général de la CPG.
Plusieurs élus ont été accusés de saper les négociations à des fins électoralistes. Résultat : la CPG, qui peut produire 540.000 tonnes par mois, n’en a extrait que 160.000 sur les deux premiers mois de 2018.
Le gouvernement a fini par réclamer des poursuites judiciaires et par suspendre les 1.700 recrutements en cours. L’exploitation a redémarré début mars, et plusieurs ministres ont été dépêchés dans le bassin minier.
Mais les habitants mécontents des propositions ont manifesté et entravé le transport de phosphate le week-end dernier, en dépit de l’intervention de la police à coups de gaz lacrymogènes, et se disent prêts à bloquer à nouveau la production.
C’est, disent-ils, la seule façon de se rappeler au bon souvenir du gouvernement, pour qui le phosphate est un secteur crucial afin d’atteindre l’objectif de croissance de 3% en 2018.
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