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Trois humanitaires nigérians de l'ONU tués par Boko Haram

Trois humanitaires nigérians de l'ONU tués par Boko Haram

Nigéria

Au moins trois humanitaires nigérians employés par l’ONU ont été tués dans une nouvelle attaque du groupe islamiste armé Boko Haram dans le nord-est du Nigeria, qui a conduit une ONG à annoncer qu’elle suspendait ses activités dans la région.

L’attaque s’est déroulée jeudi soir à Rann, à 175 km à l’est de la capitale de l’Etat de Borno, Maiduguri, près de la frontière avec le Cameroun. Elle survient près de deux semaines après l’enlèvement par des combattants présumés de Boko Haram de 110 jeunes filles d’une école de Dapchi, dans l’Etat voisin de Yobe, démontrant que le groupe islamiste armé représente toujours une menace meurtrière, en dépit des affirmations régulières du gouvernement selon lesquelles il a été vaincu.

Mohammed Abdiker, directeur des opérations et des urgences à l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) des Nations unies, a indiqué que les insurgés, “équipés d’armes automatiques, de lance-grenades et de pick-up surmontés de mitrailleuses”, possédaient “une puissance de feu supérieure” aux soldats.

Une porte-parole de l’ONU basée à Abuja et deux sources sécuritaires nigérianes avaient dans un premier temps fait état de “quatre travailleurs humanitaires” tués, avant de réviser ce bilan à la baisse.

Les victimes sont deux employés de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) qui s’occupaient de la gestion d’un camp accueillant environ 55.000 déplacés victimes des violences jihadistes et un médecin travaillant comme consultant pour l’Unicef, l’agence onusienne pour l’enfance. “Trois travailleurs humanitaires ont également été blessés lors de l’attaque et une infirmière a disparu, faisant craindre un enlèvement”, a précisé l’Ocha dans un communiqué.

Le président Muhammadu Buhari élu en 2015 sur la promesse qu’il allait vaincre Boko Haram, a dénoncé vendredi sur Twitter l’attaque “lâche” de Rann, qui “ne fait que renforcer la détermination de notre gouvernement à mettre un terme à l’insurrection dans les meilleurs délais”. Retraite des soldats

Et l’ONG française Médecins sans frontières (MSF) a annoncé vendredi soir avoir suspendu ses activités à Rann et évacué les 22 membres de son équipe, engagée notamment dans un programme de lutte contre le paludisme et la malnutrition.

“Abandonner nos patients, dont 60 enfants, sans assistance médicale est une décision extrêmement douloureuse”, a témoigné la coordinatrice d’urgence de MSF au Nigeria, Kerri Ann Kelly, qui rappelle que les habitants de la région “dépendent très fortement de l’aide extérieure pour survivre”.

“Les travailleurs humanitaires mettent leur vie en danger chaque jour pour fournir une aide d’urgence aux femmes, aux enfants et aux hommes vulnérables”, a déclaré le coordinateur de l’Ocha au Nigeria, Edward Kallon, appelant les autorités à “traduire les auteurs en justice”.

Un membre d’une milice civile engagée avec l’armée contre Boko Haram et un officier militaire ont par ailleurs affirmé que huit membres des forces de sécurité avaient été tués, mais aucune confirmation officielle n’a pu être obtenue dans l’immédiat.

“Les insurgés ont attaqué à 17H20 (jeudi). Ils sont venus très nombreux, il y a eu une bataille féroce mais ils ont pris le dessus et ont assiégé le camp militaire”, a détaillé sous couvert d’anonymat le milicien.

“Les soldats ont envoyé un signal pour (obtenir) un soutien aérien qui n’est pas venu”, a-t-il ajouté, précisant qu’ils avaient finalement dû “battre en retraite”.

Selon la porte-parole de l’ONU basée à Abuja, Samantha Newport, “la cible était l’armée. Ils (les humanitaires) se sont retrouvés pris dedans”.

Un humanitaire joint par téléphone à Rann a précisé à l’AFP que “tous les travailleurs humanitaires sont logés dans les baraquements militaires”.

Rann, qui accueille un important camp de déplacés près de la frontière avec le Cameroun, est une localité isolée, particulièrement vulnérable aux attaques de Boko Haram qui opère dans toute la région du lac Tchad.

En septembre dernier, des combattants islamistes avaient tué neuf déplacés du camp de Rann, qui travaillaient dans des fermes en périphérie de la ville.

Au moins 112 personnes avaient été tuées dans la même ville de Rann en janvier 2017 par une frappe aérienne de l’armée nigériane visant les insurgés et qui a touché par “erreur” les déplacés en pleine distribution de nourriture.

L’insurrection jihadiste dans le Nord-Est a fait plus de 20.000 morts et 2,6 millions de déplacés depuis 2009.

AFP

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