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Zimbabwe : hommage à Morgan Tsvangirai

Zimbabwe : hommage à Morgan Tsvangirai

Zimbabwe

Au lendemain de son décès, le 14 février, c’est tout le Zimbabwe et toute la planète qui pleurent Morgan Tsvangirai. Cette figure emblématique de l’opposition qui a bravé les pressions et les violences pour dénoncer les dérives dictatoriales de Robert Mugabe.

Le temps a beau s‘écouler. Le Mouvement pour le changement démocratique (MDC) a beau avoir un autre leader. Difficile pour les Zimabwéens de se remettre de la mort de Morgan Tsvangirai. Tant l’opposant manquera même à ses adversaires politiques qui l’ont pourtant traqué et malmené durant sa vie et sa carrière politique. À commencer par le président Emmerson Mnangagwa qui a succédé il y a trois mois à Robert Mugabe.

Le chef de l’Etat a célébré celui “qui a toujours insisté pour des élections libres, justes, crédibles et non violentes”. “On se souviendra de sa capacité à tendre la main, en dépit des divergences politiques, pour former un gouvernement d’union nationale après les élections de 2008 qui avaient divisé” le pays.

Morgan Tsvangirai est décédé mercredi en Afrique du Sud, où il était soigné d’un cancer du côlon, à l‘âge de 65 ans. L’Etat zimbabwéen prendra en charge les frais liés à ses funérailles.

Ancien syndicaliste reconverti dans la politique, M. Tsvangirai a longtemps constitué la principale menace à l’autoritaire Robert Mugabe, tombé en novembre après trente-sept ans au pouvoir à la suite d’un coup de force de l’armée.

La presse zimbabwéenne ne s’est pas mise à l’index. “Une montagne est tombée”, a titré jeudi le quotidien privé Daily News. The Herald, quotidien d’Etat, a lui assuré que le gouvernement aiderait la famille de M. Tsvangirai “dans la mesure du possible”.

Et l’avenir du MDC?

Des centaines de partisans du MDC se sont rassemblés jeudi au quartier général du parti à Harare pour honorer leur “héros”, qui laisse un parti menacé d’implosion à quelques mois des élections parlementaires et présidentielle. “Nous avons perdu un chef”, a estimé Nelson Chamisa, nommé président en exercice du parti. “Mais je peux vous dire que nous n’avons pas de crise (…), nous allons gagner ces élections”, a-t-il affirmé depuis le balcon du QG du parti.

Mais, un parti déchiré depuis des mois déjà par une guerre de succession. “On a perdu notre père”, a réagi très émue la sénatrice MDC, Lilian Timveos. “C‘était un visionnaire. Son héritage est là à tout jamais. Mon coeur est en lambeaux. J’espère que la direction du parti va s’unir pour battre la Zanu-PF”, le parti au pouvoir depuis l’indépendance du Zimbabwe en 1980. Des élections générales sont prévues cette année.

La communauté internationale salue un homme courageux

La communauté internationale a pour sa part salué la bravoure de M. Tsvangirai. Pour l’Union européenne (UE), il était un “homme courageux” qui s’est battu pour “la démocratie multipartite et la justice”. “Il représentait le courage et la détermination face à l’oppression et a donné aux Zimbabwéens la foi de croire en l’avenir”, a aussi salué le chef de la diplomatie britannique, Boris Johnson.

Amnesty International s’est souvenu que Morgan Tsvangirai avait “entretenu l’espoir de millions de Zimbabwéens à l’heure le droits de l’Homme étaient menacés”. À plusieurs reprises, le chef du MDC a subi les violences des autorités et a été emprisonné.

En 2007, il était apparu devant les médias le visage tuméfié, un œil blessé, la chemise ouverte et le crâne partiellement rasé après avoir été battu par les forces de sécurité qui lui reprochaient d’avoir participé à une réunion de l’opposition.

L’année suivante, il était parvenu aux portes du pouvoir, en arrivant en tête du premier tour de la présidentielle.

Devant le déchaînement de violences ordonné par le pouvoir contre ses partisans, qui avaient fait quelque 200 morts, il avait préféré renoncer à se présenter au second tour, permettant à Robert Mugabe de se maintenir au pouvoir.

Mnangagwa, désormais seul coq à chanter

En 2009, il était devenu le Premier ministre d’un gouvernement d’unité nationale jusqu’aux élections de 2013.

M. Tsvangirai “nous a tous appris à nous battre”, a réagi un comptable de Bulawayo (sud-ouest), Thandi Moyana, 25 ans. “Ce sera difficile de le remplacer. Il a fait un sacré boulot. Il mérite le statut de héros”, a estimé Batsirai Tambaoga, propriétaire d’un salon de coiffure à Harare. “C’est un sacré coup surtout avec l‘échéance électorale” cette année.

Avec le décès de M. Tsvangirai, le président Mnangagwa, ancien bras droit de Robert Mugabe, se retrouve désormais en position de force pour les élections générales prévues cette année.

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