Zimbabwe : le principal parti d'opposition ravagé par des luttes de pouvoir

Les démons de la division frappent à la porte du Mouvement pour un changement démocratique (MDC), le principal parti d’opposition au Zimbabwe. Alors que son chef historique, Morgan Tsvangirai est affaibli par la maladie, ses adjoints se disputent le pouvoir.

À son départ pour l’Afrique du Sud pour son traitement contre le cancer, Morgan Tsvangirai a confié la direction du parti à Nelson Chamisa, un de ses adjoints. L’ex-syndicaliste assurera les fonctions de chef du Mouvement pour un changement démocratique (MDC) “jusqu’au retour du président”, déclarait ce mercredi Luke Tamborinyoka, porte-parole du parti.

Mais cette nomination intérimaire ne semble pas faire l’unanimité au sein du MDC. Deux autres députés et adjoints du chef se disputent la fonction suprême du parti. D’un côté, il y a les partisans d’Elias Mudzuri qui estiment que le poste devrait lui revenir, car c’est bien lui qui était le chef par intérim du parti avant l’annonce de mercredi.

De l’autre, il y a la faction favorable à la vice-présidente Thokozani Khuphe. Pour les alliés de cette parlementaire et ancienne vice-Premier ministre (2009-2013), elle est l’héritière légitime du MDC et devrait donc assurer cet intérim.

Mnangagwa en grand “vainqueur”

Des luttes intestines qui pourraient pousser Morgan Tsvangirai à précipiter son retour si l’on s’en tient aux propos de Luke Tamborinyoka. Ce dernier a déclaré à la presse que Tsvangirai ne se sentait pas bien, mais qu’il rentrerait “bientôt” dans le pays, décrivant ceux qui souhaitaient lui succéder comme des “vautours politiques”.

Alors que les élections au Zimbabwe se profilent, ces guerres de pouvoir sont un cadeau au nouveau président Emmerson Mnangagwa, au pouvoir depuis la démission forcée de Robert Mugabe en novembre et qui s’est déjà porté candidat à la présidentielle.

“Je n’ai aucun doute que je vais la remporter haut la main”, a-t-il assuré le mois dernier, après avoir promis des élections justes et équitables.

Opposant historique depuis plus de deux décennies au régime de Robert Mugabe, Morgan Tsvangirai, 65 ans, a annoncé il y a deux ans qu’il souffrait d’un cancer du côlon pour lequel il effectue de nombreux séjours médicaux dans des hôpitaux sud-africains. Une coalition de l’opposition l’a désigné candidat à la présidentielle, mais depuis le début de l’année, son état semble se détériorer.