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Indignation d'Israéliens autour de la déportation des migrants africains

Indignation d'Israéliens autour de la déportation des migrants africains

Israël

Israël s’attire les foudres de plusieurs de ses sympathisants, à contre-courant de sa décision de déporter plus de 30 000 migrants africains d’ici avril.

Ces dernières semaines, des groupes de pilotes israéliens, des médecins, des écrivains, des anciens ambassadeurs et survivants de la Shoah ont enjoint le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou de surseoir à son projet de déportation des migrants africains, estimant qu’il était contraire à l‘éthique juive.

Pour les militants de la cause des migrants africains, la décision de Tel-Aviv peut surprendre au regard de l’histoire des peuples juifs tant convoquée en Israël et surtout en Europe où le peuple a subi des massacres sous la domination nazie en Allemagne.

Tout en rejetant cette comparaison entre le sort des migrants et victimes de la Shoah, Yad Vashem, mémorial des victimes juives de la Shoah, a indiqué dans un communiqué que la question des migrants est “un défi national et international qui exige empathie, compassion et pitié”.

“L’expérience du peuple juif sur plusieurs générations renforce cette obligation”, ajoute la direction du mémorial dans le texte. “Les autorités israéliennes doivent faire tout leur possible afin que chaque personne arrivée en Israël avec une épée au cou reçoive le statut de réfugié”.

Une fuite en avant

Mais pour le gouvernement israélien, “cette campagne (autour des migrants africains, Ndlr) est sans fondement et absurde”. “Les vrais réfugiés et leurs familles resteront en Israël. Nous n’avons aucune obligation d’autoriser les travailleurs migrants illégaux qui ne sont pas des réfugiés à rester ici”, a déclaré le Premier ministre Benjamin Netanyahou.

Une sortie qualifiée de fuite en avant pour les militants qui dénoncent “l’hypocrisie” d’Israël dans le traitement des demandes d’asile. Sur quelque 15 000 demandes africaines de statut de réfugié, seulement 11 auraient été approuvées. “Il est déraisonnable que seulement en Israël ce sont des” infiltrés “et partout ailleurs dans le monde, ils sont des réfugiés”, déplore Dror Sadot, du groupe de plaidoyer pour les réfugiés et les migrants.

Fin 2017, Israël a annoncé qu’il déporterait près de 40 000 migrants africains qui vivent clandestinement dans le pays. Ces migrants ont jusqu‘à mars 2018 pour quitter le pays au risque de se faire emprisonner. Pour tout “départ volontaire” vers un pays tiers, Israël promet toutefois à chaque migrant la somme de 3 500 dollars, ainsi que des billets d’avion et d’autres mesures incitatives. Ces pays tiers sont soupçonnés d‘être le Rwanda et l’Ouganda, même s’ils ont rejeté toute implication dans ce projet.

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Israël au pied du mur

Les réfugiés — presque tous originaires d‘Érythrée, où les hommes sont souvent contraints à un service militaire et du Soudan, déchiré par une guerre civile de 22 ans et un génocide dans sa région occidentale du Darfour — craignent d‘être ramenés dans leur pays d’origine où ils risquent leur vie, expliquent les militants des droits de l’homme.

“Israël ne peut pas être le bureau du chômage de l’Afrique”, a rétorqué mardi à la radio israélienne ministre de la Justice, Ayelet Shaked. “Ils ne sont pas envoyés à la mort, ils vont travailler ailleurs”, a-t-elle ajouté, estimant que la grande majorité des Africains en Israël sont des jeunes hommes qui cherchent du travail, plutôt que des réfugiés, et qu’Israël a le droit de dicter sa politique d’immigration.

Dans un récent débat parlementaire, c’est le ministre israélien de l’Intérieur, Arieh Deri, qui déclarait que c‘était “la morale juive de déporter les infiltrés”.

Une rhétorique qui a indigné plusieurs soutiens de la cause israélienne, dont la Ligue antidiffamation, ONG qui soutient les Juifs contre toute forme d’antisémitisme et de discrimination, par tous les moyens légaux possibles et des campagnes d’information et de sensibilisation.

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Joey Low, philanthrope basé à New York et qui a donné des millions de dollars à des causes israéliennes s’est également insurgé contre le plan du gouvernement. “C’est une attaque contre nos valeurs fondamentales”, a-t-il martelé, menaçant de rompre toute aide à Israël si jamais le projet était exécuté.

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