Guinée
Le 25 janvier 1971, sous le régime d’Ahmed Sékou Touré, des centaines de Guinéens sont exécutés au petit matin à Conakry. Mais, quarante-sept ans après, les plaies restent toujours aussi béantes que douloureuses. Compte rendu d’une journée commémorative.
Le cœur étranglé par la tristesse, la mémoire chargée de souvenirs, mais pétris de courage face au cynisme, des Guinéens ont pris part hier jeudi à un rassemblement au pont dit “des pendus”. C’est ici que leurs proches qui étaient des cadres guinéens, ont été fusillés, pendus ou poignardés le 25 janvier 1971 sous le règne de Sékou Touré.
Parmi ces responsables, accusés de comploter contre le régime, figuraient le ministre du Plan, Barry Ibrahima, dit “Barry III” et celui de l’Economie et des Finances et gouverneur de la Banque centrale de Guinée, Baldé Ousmane.
Des diplomates de Grande-Bretagne, des Etats-Unis et de l’Union européenne et des représentants de l’ONU ont pris part au rassemblement aux côtés de parents, amis et proches des personnes pendues.
Les manifestants, tout de rouge vêtus en signe de deuil, ont ensuite visité l’ex-camp Boiro, prison symbole de la répression sous Sékou Touré, où une cérémonie de lecture du Coran a été organisée pour “le repos de l‘âme des disparus”. “En même temps que nous commémorons cet anniversaire, nous nous recueillons pour la mémoire de plus de 80 personnes qui furent pendues ou fusillées sur toute l‘étendue du territoire national ce même jour”, a déclaré le porte-parole des familles de victimes du camp Boiro, Lamine Kamara.
Des vestiges effacés, pas de réparation judiciaire
La Guinée, ex-colonie française d’Afrique de l’Ouest, a été dirigée jusqu‘à l’arrivée au pouvoir en 2010 de l’ancien opposant Alpha Condé par des pouvoirs autoritaires, voire dictatoriaux.
Le camp Boiro, en banlieue de Conakry a été rebaptisé camp Camayenne. De nombreux vestiges des exactions qui y ont été commises, tels que des témoignages écrits sur les murs par des prisonniers, ont disparu au cours de sa rénovation sous la transition militaire dirigée de janvier à décembre 2010 par le général Sékouba Konaté.
Cette commémoration est un “devoir de mémoire. Elle fait partie du processus de sauvegarde de notre histoire que les inconditionnels du Parti démocratique de Guinée, PDG ex-parti unique sous Sékou Touré) veulent travestir”, a dit M. Kamara.
Sékou Touré a dirigé la Guinée pendant 26 ans, de son indépendance, en 1958, à 1984. Durant sa présidence, quelque 50.000 personnes ont été torturées, fusillées, pendues ou ont “disparu” en détention, selon des associations de victimes et organisations de défense des droits de l’Homme.
Et bien que ce genre de crimes soit imprescriptible, selon la déclaration universelle des droits de l’homme, la justice ne s’investit que peu ou pas à la réparation de ce tort afin de fermer cette parenthèse noire de l’histoire guinéenne.
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