Ethiopie
Plus de 500 prisonniers éthiopiens en attente de procès seront libérés mercredi, ainsi que l’a promis ce lundi le gouvernement à la radio d’Etat Fana. La réalisation d’une promesse faite il y a à peine deux semaines.
La libération du président du Congrès fédéraliste oromo (OFC), Merera Gudina, en détention depuis 2016, figurait parmi les principales demandes de protestataires oromo, la principale ethnie du pays.
M. Merera avait été arrêté en 2016 après avoir critiqué l’instauration de l‘état d’urgence en Ethiopie, qui avait largement mis un terme aux plus importantes manifestations antigouvernementales depuis 1991. La répression de ces manifestations, qui avaient surtout touché les régions oromo et amhara, avait fait des centaines de morts.
Le président de l’OFC est un des 528 prisonniers qui doivent être relâchés mercredi. M. Merera est inculpé notamment d’incitation aux émeutes et d’avoir préparé un coup d’État, alors que la plupart des autres prisonniers libérés sont accusés de violences ethniques à la frontière entre les régions oromo et somali (sud).
Les charges à l’encontre de ces prisonniers, qui étaient dans l’attente d’un procès, seront abandonnées, et “les suspects seront libérés mercredi après avoir reçu un entraînement” lundi et mardi, a déclaré le procureur général, Getachew Ambaye, cité sur le site internet de la radio d’Etat Fana.
La nature des “entraînements” n’a pas été précisée. Toutefois, par le passé, l’Éthiopie a régulièrement obligé des prisonniers à suivre des programmes d’“éducation” progouvernementaux avant leur libération.
Beyene Petros, le vice-président de la coalition Medrek, dont l’OFC fait partie, a qualifié l’annonce de la libération de M. Merera de “geste positif”, mais a estimé qu’elle ne marquait pas pour autant un changement d’attitude de la part du gouvernement vis-à-vis des dissidents. “Il n’y a aucune garantie que ceux qui sont libérés aujourd’hui ne seront pas à nouveau emprisonnés demain”, a-t-il déclaré à l’AFP.
Le Premier ministre éthiopien, Hailemariam Desalegn, avait promis le 3 janvier de libérer un certain nombre d’hommes politiques.
La décision avait été prise alors que des fractures sont apparues dernièrement au sein de la coalition au pouvoir, avec notamment la démission de deux de ses hauts responsables, dont le président de l’Assemblée nationale, Abadula Gemeda, un Oromo, qui sont tous les deux ensuite revenus sur leur décision.
Le 3 décembre, M. Desalegn n’avait donné aucune indication du nombre de gens concernés par ces libérations. Il n’avait pas dit si la mesure s‘étendrait aux milliers de personnes considérées comme des prisonniers politiques par les groupes de défense des droits de l’Homme et les opposants.
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