Bienvenue sur Africanews

Merci de choisir votre version

Regarder en direct

Infos

news

RDC : les évêques veulent en découdre avec ceux qui "confisqueraient" le pouvoir

Religion

On pourrait l’appeler «déclaration du 11 janvier ». Lors d’une conférence de presse animée hier à Kinshasa, la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) a invité le peuple congolais “à demeurer debout et vigilant face à toute tentative de confiscation du pouvoir”.

S’ils n’ont pas nommé les prétendus confiscateurs du pouvoir, la déclaration se fait dans un contexte de crise très aigue entre le régime de Joseph Kabila et le clergé de son pays. Et tout est parti du 31 décembre 2017 quand les forces de l’ordre ont réprimé avec une brutalité « inouïe » selon un observateur, les manifestations initiées par des laïcs catholiques pour demander l’application ad litteram et in extenso de l’accord de la Saint-Sylvestre.

Signé le 31 décembre 2016 (jour de la Saint-Sylvestre dans le calendrier grégorien) par la classe politique tout entière et la société civile sous la supervision des évêques catholiques, l’accord est né de la crise politique ayant découlé du glissement du calendrier électoral en 2016. D’après la Constitution, Kabila devrait quitter le pouvoir à la suite de cette élection de 2016 pour avoir fait deux mandats.

Afin de résorber la crise, l’accord va fixer l’organisation des élections générales dont la présidentielle en novembre 2017. Un autre glissement va se produire. Le nouveau calendrier fixe les élections en fin 2017. À la grande satisfaction de la communauté internationale qui dit toutefois attendre le régime de Kabila au pied du mur.

Pleurs et colère des évêques

Mais, n’ayant peut-être pas confiance au pouvoir, des opposants et des acteurs de la société civile plaident pour le départ de Kabila, donc une transition sans l’actuel locataire du Palais de la Nation. Lequel est souvent accusé de graves violations des droits de l’homme lors des manifestations des opposants. Et face à une telle attitude, les évêques n’ont plus qu’une seule solution : en découdre avec le pouvoir. « Nous invitons le peuple congolais à prendre son destin en mains et à barrer pacifiquement la route à toute tentative de confiscation ou de prise de pouvoir par des voies non démocratiques et anticonstitutionnelles », a déclaré, lors d’une conférence de presse, l’abbé Donatien Nshole, porte-parole de la CENCO.

Et en rendant hommage aux victimes du 31 décembre lors d’une messe en la paroisse Notre-Dame de Kinshasa ce vendredi 12 janvier, le clergé congolais a réaffirmé sa détermination à faire bouger les lignes dans une RDC quasiment au fond du précipice. Tout en prenant à témoin les ambassadeurs de France et de l’Union européenne présents à cette messe à laquelle assistaient de grandes figures de l’opposition congolaise dont Vital Kamerhe.

Tout porte à croire que même les « conseils » prodigués mardi par Denis Sassou-Nguesso réputé être grand médiateur et facilitateur dans des situations difficiles, n’ont pas pu « calmer » les évêques de la RDC.

Ce n’est pas pour la première fois que l‘Église catholique est en froid avec le pouvoir en RDC. Dans les années 1970, le pouvoir de Mobutu a essuyé de vives critiques de l‘Église catholique sous l’impulsion du Cardinal Malula, même si ce dernier avait été réduit au silence par le « Grand léopard » qui déclarait que les évêques n’avaient pas à se mêler de politique.

Mais, selon toute vraissemblance, le bras de fer entre le régime de Kabila et la CENCO semble être la plus grave crise que l‘Église et le pouvoir aient jamais connue en RDC.