République démocratique du Congo
Visiblement choqué par les morts dus à la répression des marches de laïcs catholiques le 31 décembre, le cardinal Laurent Monsengwo n’a pas lésiné sur les mots pour dénoncer la « barbarie » des forces de sécurité de la RDC.
C’est dans un communiqué publié ce mardi que l’archevêque de Kinshasa a livré son sentiment sur les tueries et arrestations intervenues dimanche en marge des manifestations initiées par des laïcs catholiques pour demander le départ de Joseph Kabila au pouvoir depuis 2001 et dont le deuxième et dernier mandat devrait s’achever en fin 2016 conformément à la Constitution.
Face à la défiance des manifestants qui ont bravé l’interdiction de manifester, le gouvernement congolais a utilisé la manière forte. Si la police a fait état de trois morts n’ayant aucun lien avec ces marches, les organisateurs eux, parlent de plus de douze personnes tuées par des policiers.
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Pour Laurent Monsengwo, l‘éthique des forces de l’ordre, et même des autorités pose problème. « Comment ferons-nous confiance à des dirigeants incapables de protéger la population, de garantir la paix, la justice, l’amour du peuple ? Comment ferons-nous confiance à des dirigeants qui bafouent la liberté religieuse du peuple, liberté religieuse qui est le fondement de toutes les libertés ? », s’interroge l’archevêque.
De son côté, le pouvoir reproche à l‘Église catholique de se démarquer de son rôle. « Nous, nous estimons, au niveau de la majorité présidentielle, que c’est un groupe, des opposants qui se sont accaparés de cet appel et ont voulu allumer le feu à Kinshasa et un peu partout dans la République », expliquait ce matin, Ardent Kabambi, un des membres du camp du pouvoir.
Et pourtant, le cardinal dit disposer des preuves de cette « barbarie ». «Le fait d’empêcher les fidèles chrétiens d’entrer dans les églises pour participer à la messe suivant l’ordre reçu d’une certaine hiérarchie militaire, le jet de gaz lacrymogènes pendant la célébration eucharistique dans les différentes paroisses de Kinshasa, le vol d’argent, d’appareils téléphoniques, la poursuite, la fouille systématique des personnes et de leurs biens dans l’église et dans les rues, l’entrée des militaires dans les cures de quelques paroisses sous prétexte de rechercher les semeurs des troubles, les tueries, les tirs à balles réelles et à bout portant sur des chrétiens tenant en mains bibles, chapelets et crucifix, les arrestations des prêtres et fidèles, etc. », énumère le prélat dans son communiqué.
Une barbarie qui ne devrait pas rester impunie, car la Conférence des évêques catholiques du Congo (CENCO) invite les autorités à mener « une enquête sérieuse et objective pour établir les responsabilités sur les pertes en vie humaine et les agressions physiques ».
Peut-être en saura-t-on davantage sur ces répressions, car le chef de la police à Kinshasa, le général Sylvano Kasongo assure que l’inspection de la police serait à pied-d’oeuvre pour identifier des policiers à l’origine de ces pertes en vie humaine et ces agressions physiques.
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