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Rétro 2017 : la RDC entre déclin politique, sécuritaire et humanitaire

Rétro 2017 : la RDC entre déclin politique, sécuritaire et humanitaire

République démocratique du Congo

Que reste-t-il de l’année 2017 en République démocratique du Congo ? Un bilan plutôt sombre, notamment sur les questions politique, humanitaire, sécuritaire, et même économique. Le pays a vécu ces 12 derniers mois, jusqu’au dernier jour de l’année, des soubresauts qui font craindre une année 2018 mouvementée pour ce géant de l’Afrique centrale.

L’année 2017 se referme avec de multiples incertitudes en République démocratique du Congo. Ce dimanche 31 décembre, des rixes ont éclaté entre forces de l’ordre et manifestants, après l’appel des catholiques à manifester contre le maintien au pouvoir du président Joseph Kabila. Selon le dernier bilan fourni par l’AFP, huit personnes ont été tuées par la police kinoise. Un scénario qui nous ramène une année en arrière, en 2016, lorsque le pays avait été paralysé, comptant ses morts, une quarantaine selon l’ONU entre le 19 et le 20 décembre.

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La question reste la même, le maintien au pouvoir du président Joseph Kabila dont le dernier mandat, selon la Constitution, s’est achevé le 19 décembre 2016 à 23 h 59. En dépit de la publication d’un calendrier électoral salué par la communauté internationale, l’opposition reste dubitative sur la suite des événements, encore que l’accord politique du 31 décembre 2016 signé sous l‘égide de l‘Église catholique, qui prévoyait, entre autres, des élections au plus tard fin 2017, n’a pas été respecté dans son intégralité.

Mais que peut-elle bien faire ? Divisée depuis la mort en février 2017 de son légendaire chef Etienne Tshisekedi, en panne de stratégie, et de plus en plus réduite au silence par les forces de sécurité, l’opposition congolaise est à la croisée des chemins. Et ne peut se fier qu‘à la parole du président Kabila qui soutient mordicus que des élections seront tenues en 2018, sans toutefois préciser s’il y prendra part.

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Recrudescences des violences et conflits

Au plan sécuritaire, la RDC a aussi bien de soucis à se faire. La persistance des violences, des tensions et de l’insécurité dans l’est du pays font craindre de nombreux abus sur les populations civiles. Dans les localités du Nord-Kivu et du Sud-Kivu notamment, plusieurs attaques ont été répertoriées ces derniers mois, attribuées pour la plupart aux rebelles de l’Allied Defence Forces (ADF), un groupe présent dans l’est de la RDC depuis 1995, qui lutte contre le régime du président Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 31 ans en Ouganda.

Ce groupe rebelle a multiplié les attaques (massacre d’une vingtaine de civils sur la route Mbau-Kamango, assaut en octobre contre les Casques bleus de la base de Mamoundioma tuant déjà trois soldats tanzaniens). Début décembre, le groupe a été accusé d’avoir porté un coup fatal à 14 Casques bleus tanzaniens lors d’un raid contre leur base de Semuliki, dans la province du Nord-Kivu, non loin de la frontière avec l’Ouganda.

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Toutefois, la thèse de la responsabilité unique des ADF dans les violences autour de Beni avait été mise en cause en mars par le Groupe d‘études sur le Congo de l’Université de New York. Le rapport pointait notamment “plusieurs groupes” distincts des ADF qui “semblent être impliqués dans les massacres”, parmi lesquels “des membres des FARDC” (Forces armées de la RDC) et d’autres milices locales.

Plus loin, dans le centre de la RDC, une autre crise a pris elle aussi ses marques depuis fin 2016. Dans la région du Kasaï, le conflit entre les Kamuina Nsapu et le gouvernement congolais, s’est mué en désastre avec notamment plusieurs milliers de morts et plus d’un millier de déplacés… Cette région jadis paisible se retrouve projetée dans le bourbier congolais et n’est aujourd’hui que le reflet d’une des pires crises humanitaires d’Afrique.

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Une crise humanitaire alarmante

En effet, comment parler d’insécurité chronique sans parler de crise humanitaire. Et selon les humanitaires, celle du Kasaï est alarmante. Même si la situation sécuritaire commence à s’améliorer et que les déplacés, souvent accueillis dans des familles, commencent à rentrer chez eux en raison de la diminution de l’intensité des combats entre forces de sécurité et milices Kamuina Nsapu, la situation sanitaire et alimentaire est, elle, catastrophique. Plus de 400.000 enfants sont en insécurité alimentaire, et 250.000 d’entre eux sont en danger de mort si rien n’est fait.

Autre inquiétude, l‘épidémie de choléra qui a tout de même fait 1.055 décès pour 50.507 cas suspects dans 23 des 26 provinces du pays en 2017, d’après le ministère de la Santé.

Dans l’Est également, au total plus de 15.000 personnes ont fui les ADF entre septembre et novembre, d’après un centre d’aide aux déplacés d’Oicha, près de Beni. Tandis que dans le sud-est, le conflit entre Bantous et Pygmées dans le Tanganyika continue de trainer son lot de morts et de déplacés.

La RDC compterait actuellement quatre millions de déplacés, avec une progression de 1,7 million cette année, d’après le Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) et le Conseil norvégien des réfugiés.

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Une économie en quête de repères

Toutes ces instabilités ont fortement contribué à déprécier une économie déjà en perte de vitesse. En dépit de la confiance des institutions internationales dans la croissance du PIB du pays en 2017, certains indicateurs restent au rouge. C’est du reste le cas de la monnaie nationale, le franc congolais, qui a poursuivi sa chute tout au long de l’année. Le taux officiel augmentant de 43 %, passant de 1.450 francs congolais pour un dollar américain, voire 1.500 à 1.600 sur le marché noir.

Le secteur minier n’en est pas plus reluisant. La timide reprise des cours du cuivre et du colbat, principaux produits d’exportation de la RD Congo, n’a pas réussi à faire revenir les investisseurs, déjà critiques face à certaines lois votées par le gouvernement.

À présent, le Fonds monétaire international (FMI) conditionne son aide à la RD Congo par l’amélioration de la gouvernance économique et la résolution de la crise politique qui devra passer par l’adoption de mesures de décrispation politique ainsi que par l’engagement ferme de respecter les dates prévues pour les élections.

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