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RDC : retour au calme à Kinshasa, Internet et SMS rétablis

RDC : retour au calme à Kinshasa, Internet et SMS rétablis

La tension est retombée à Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo. Internet et les SMS ont été rétablis ce mardi. Mais au moment où nous rédigions cet article, les signaux de Radio Okapi et de Radio Top Congo, brouillés depuis le 31 décembre dernier, restaient encore coupés.

Les autorités de la RDC ont finalement mis de l’eau dans leur vin en rétablissant Internet et les SMS, coupés suite à de violentes manifestations qui ont secoué la capitale. L’annonce du rétablissement de ces canaux de communication a été faite par Emery Okundji, le ministre des Postes et Télécommunications. Le calme a fait son retour à Kinshasa, après les secousses qui l’ont marquée ces jours-ci.

L’on se souvient que le dimanche dernier, la grogne du Comité laïc de coordination contre le maintien au pouvoir de Joseph Kabila avait été sauvagement réprimée par les forces de l’ordre. Quatre personnes l’ont payé de leur vie, dont un policier, selon un bilan du gouvernement. Quant au colonel Mwanamputu, le porte-parole de la police, il soutient être encore en train d‘étudier toutes les données et promet un bilan pour ce mardi.

Pour sa part, l’ONU parle de cinq morts à Kinshasa et de 141 interpellations dans le reste de la RDC, tandis que les organisateurs de la marche de protestation (catholiques pour la plupart) avancent le nombre de dix tués. Dans tout ce cafouillage des chiffres, le Comité laïc s’inquiétait de la disparition de l’un de ses prêtres, finalement libéré lundi en soirée.

Les mouvements citoyens dans la mouvance

La Lucha, mouvement citoyen très connu en RDC pour son radicalisme contre le régime de Joseph Kabila, n’est pas restée en marge de la contestation de dimanche dernier. Selon ce mouvement, 46 de ses membres ont été arrêtés lors de la marche, dont 35 encore détenus dans les locaux de la police jusau‘àu lundi dernier.

La Lucha ne s’arrête pas là et martèle que certains de ses membres ont subi des tortures infligés par la police, avant d‘être ensuite relâchés. Tandis que certains se sont retrouvés à l’hôpital, d’autres n’ont pas eu droit à un avocat, ajoute le mouvement citoyen.

Un autre mouvement citoyen a lui aussi pris part à la vague de contestations du 31 décembre : Filimbi, qui affirme que sept de ses adeptes sont toujours en détention. Parmi les détenus, Carbone Beni, le chargé de réseau de Filimbi.

Les nombreux barrages érigés par les contestataires ont été levés lundi et le 1er janvier, les habitants de la ville sont pour la plupart restés en famille. Sur la Place de la Victoire, l’un des hauts lieux des manifestations du 31 décembre derneir, les commerçants ont recommencé leurs affaires et l’on pouvait même voir des gens y prendre les photos en famille, seuls, ou encore entre amis, dans le contexte du Nouvel An. Pour le chef de la police de Kinsasa, cela est « classique en période de fêtes ».

Le patron de l’ONU, Antonio Guterres, lance un appel en direction des forces de sécurité et du gouvernement congolais, les invitant à la retenue. Au centre des tensions, la non-application de l’accord dit de la Saint-Sylvestre par le régime Kabila. Cet accord, signé fin 2016, prévoyait l’organisation d‘élections avant la fin de l’année 2017 et avait été parrainé par la Conférence des évêques du Congo (Cenco).

L’opposition et le Comité laïc tranchent pour une transition sans Joseph Kabila et se tournent vers les Congolais ainsi que la communauté internationale, les invitant à « ne plus le reconnaître » comme président.

Un langage de sourds qui en dit long sur la gravité de la crise

La majorité présidentielle envoie valser la mobilisation de dimanche, parlant d‘échec cuisant. Pour Lambert Mendé, le porte-parole du gouvernement, la présence de gaz lacrymogènes dans (au moins) une église s’explique par le fait que les forces de l’ordre traquaient des « terroristes ».

Ardent Kabambi, l’un des porte-parole de la majorité présidentielle, renchérit. Pour lui, l‘Église catholique a quitté son domaine de prédilection en soutenant l’opposition, minimisant au passage le nombre de contestataires et la portée de la mobilisation.

Monsieur Kabambi n’est pas suivi dans cette vision par bon nombre d’observateurs, qui soutiennent que l‘Église a, au contraire, démontré sa capacité à mobiliser les foules, contrairement à l’opposition politique. Toujours selon les observateurs de la vie politique congolaise, l’on n’avait pas vu autant de monde dans les rues dans le cadre de manifestations politiques depuis un an.

Malgré la brutalité dont ont fait preuve les forces de sécurité, Le Comité laïc de coordination compte poursuivre sa logique de défiance vis-à-vis du régime en place. Cela, en prévoyant de nouveaux mouvements d’humeur. Il invite pour l’occasion les Congolais à rester mobilisés et à se tenir prêts à répondre nombreux au prochain rassemblement.

Encore une fois, le pouvoir minimise les choses, arguant que l’heure est à la préparation des élections de 2018 et non plus aux marches et autres contestations sociopolitiques.