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Les hommes forts de 2017 : des "résistants" (2/2)

Les hommes forts de 2017 : des "résistants" (2/2)

Afrique

Ils ont refusé de céder à des pressions aussi bien de leurs peuples que de la communauté internationale. Chacun de ces Africains aura marqué cette année 2017 à sa manière.

Kémi Séba : « l‘étoile noire » qui a mis en lumière les ombres du franc CFA

Né le 9 décembre 1981 à Strasbourg en France de parents béninois, Gilles Robert Capo Chichi est activiste et essayiste. Mais, ce n’est pas pour rien qu’il est surnommé Kémi Séba, autrement dit “étoile noire” dans une langue béninoise. En effet, dans ses veines, coule le sang du panafricanisme, car à travers son ONG Urgences Panafricaines, Séba est sur tous les fronts ou presque, pour, dit-il, affranchir l’Afrique de la domination extérieure notamment occidentale.

C’est surtout en 2017 que Kémi Séba réaffirme son radicalisme panafricaniste en s’attaquant à l’un des symboles de la présence française en Afrique francophone : le franc CFA ou franc de la communauté française d’Afrique. Dès janvier, il initie partout où il passe des manifestations anti-CFA. Une lutte qui connaîtra son apogée le 19 août à Dakar, lorsqu’il brûle en public, un billet de 5 000 francs CFA. L’acte lui vaut une interpellation et un placement sous mandat de dépôt.

Il sera relaxé le 29 août par la justice sénégalaise avant d‘être expulsé vers la France une semaine plus tard.

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Mais, ce n’est pas le premier ennui judiciaire de Kémi Séba. Incitation à la haine raciale, trouble à l’ordre public, violences et menaces, … Autant de motifs qui, depuis ses premières apparitions publiques en 2005, ont déjà valu au président de l’ONG Urgences Panafricaines en France, des procès et des peines dont la prison. Et malgré ces démêlées avec les tribunaux, bien d’Africains ont adhéré aux idéaux de Kémi Séba, surtout à propos du franc CFA. Le cas des footballeurs comme Nicolas Anelka et Demba Ba.

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Muhammadu Buhari : maladie et Boko Haram, « sans effet »

Né le 17 décembre 1942 à Dora, une localité de l’Etat de Katsina au nord, Muhammadu Buhari a été chef de l’Etat nigérian de 1983 à 1985 après le coup d’Etat de décembre 1983. Il aura échoué trois fois (2003, 2007 et 2011) avant de remporter la présidentielle de mars 2015 après le retrait de Goodluck Jonathan, respect de la constitution oblige.

Mais, dès janvier la santé de Muhammadu Buhari commence à se dégrader et le dirigeant nigérian est contraint de s’envoler pour la Grande-Bretagne pour des soins où il va séjourner pendant près de six mois.

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Si des observateurs et ses détracteurs ont évoqué son incapacité à gérer le Nigeria, des politiciens vont se servir de cette mauvaise conjoncture pour demander à Muhammadu Buhari de quitter son poste.

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Des sommations auxquelles, Buhari refusera de céder. Revenu au pays, le général retrouve un pays dont la sécurité est sérieusement mise à mal par Boko Haram dans la partie septentrionale. Malgré sa rassurante promesse de mettre fin à la secte islamiste, Boko Haram continue de perpétrer des attaques armées et des attentats-suicides. L’ex-général ne sera pas dépassé par les événements. Au contraire, il parvient à infliger à la secte de nombreux revers.

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Constantino Chiwenga : il a eu raison du « Vieux Lion »

Le 14 novembre 2017, l’Afrique, voire la planète tout entière, arrête son souffle. Des chars militaires à la résidence du Chef de l’Etat, Robert Mugabe. Dans un Zimbabwe tenu en laisse pendant près de 37 ans par l’ancien héros de l’indépendance, le général Constantino Chiwenga, né le 25 août 1956, commandant des forces armées zimbabwéennes, venait de franchir le Rubicon. Sans pour autant craindre le retour de la manivelle pour subir le même sort qu’Emmerson Mnangagwa, limogé le 6 novembre de ses fonctions de vice-président de la République.

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Un acte qui va coûter au général ainsi qu’aux autres militaires du pays des condamnations de l’extérieur, notamment celles de l’UA. À l’intérieur du pays, des membres de la ZANU-PF, parti au pouvoir, ont dès les premières heures du coup de force, dénoncé « l’indiscipline » du Général Constantino Chiwenga.

Après avoir résisté à ces critiques et condamnations, le général Chiwenga obtiendra la démission de Robert Mugabe le 21 novembre. À la grande satisfaction de beaucoup de Zimbabwéens qui se sentaient lassés par la gouvernance Mugabe marquée par une profonde crise économique.

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Emmerson Mnangagwa : contre-offensive du « Crocodile » contre le « Vieux Lion »

Peu sont ceux qui voyaient l’ombre d’Emmerson Mnangagwa derrière le coup de force militaire de cette mi-novembre 2017, même si après son limogeage le 6 novembre du poste de vice-président du Zimbabwe, Mnangagwa avait promis de revenir.

Et pourtant, quand le sort de Mugabe est scellé, c’est l’ancien vice-président qui prend les commandes, alors que tout le travail de destitution de l’ancien héros de la lutte pour l’indépendance avait été abattu par des militaires.

Ancien chef des renseignements, Emmerson Mnangagwa comme tout militaire aura transformé son voyage à l‘étranger en une sorte de repli tactique pour organiser une contre-attaque qui lui permettra de devenir le successeur de Robert Mugabe.

Né le 15 septembre 1942 à Zvishavane au sud du Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa a été désigné candidat de la ZANU-PF à l‘élection présidentielle de 2018.

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Joseph Kabila : un « bon » calendrier électoral à tout prix

Né le 4 juin 1971 à Hewa Bora dans la province du Sud-Kivu, Joseph Kabila arrive au pouvoir en 2001 suite à l’assassinat de son père Laurent Désiré Kabila, tombeur de Mobutu, quatre ans auparavant.

Il est élu président de la RDC en 2006 avant d‘être réélu en 2011. Selon la constitution, c’est en décembre 2016 que le plus jeune président de l’histoire de l’ex-Congo belge et Zaïre devrait quitter le pouvoir.

Malheureusement ou heureusement, l‘élection ne sera pas organisée en novembre 2016, car officiellement, il fallait réunir toutes les conditions pour un scrutin véritablement transparent. La crise née de ce glissement va conduire à un accord entre la Majorité, l’opposition et la société civile sous l‘égide de la conférence épiscopale. L’accord fixe l‘élection présidentielle en décembre 2017. Un autre glissement se produit. Et l‘élection aura lieu le 23 décembre 2018.

Des reports mal perçus par l’opposition qui a multiplié des manifestations réclamant entre autres, le départ de Joseph Kabila, donc une transition politique sans Kabila. Et pour répondre aux revendications, le recours à la violence ne tardera pas. Viols, sévices corporels, exécutions sommaires, … Des rapports d’Ong ont dénoncé « de graves violations des droits de l’homme ».

Idem pour la communauté internationale notamment l’Union européenne, l’ONU et les États-Unis qui avaient financé les élections de 2006 et 2011. Si les dénonciations verbales ou écrites n’ont pas suffi, ces institutions iront jusqu‘à prendre des sanctions contre de hautes personnalités impliquées dans des violences politiques en RDC.

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Mais, de son côté, le régime de Kabila va afficher une résistance farouche. « Les élections ne sont pas organisées pour les Etats-Unis », déclarait en octobre 2017, Corneille Nangaa, président de la commission électorale.

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Dès lors, quelles que soient les critiques ou les sanctions, Kabila reste président de la République jusqu’au 23 décembre 2018. Et nul ne sait encore si, faute de « dauphin » (la Majorité n’a pas encore désigné son candidat), il acceptera cette fois-ci de déménager du Palais de la Nation.