Kenya
Le président kényan Uhuru Kenyatta a promis mardi, dans un discours prononcé à l’occasion de son investiture pour un second et dernier mandat, d’“unifier” une nation meurtrie par un processus électoral ayant rappelé aux Kényans les profondes divisions qui traversent leur pays.
“Je consacrerai mon temps et mon énergie à construire des ponts, à unifier et à apporter la prospérité à tous les Kényans”, a déclaré M. Kenyatta, dont la promesse risque de sonner bien creux aux oreilles de l’opposition, qui a boycotté le scrutin d’octobre et répète à l’envi qu’elle ne reconnaît pas sa réélection.
Cette prestation de serment, en présence d’une dizaine de chefs d’Etat africains, signe la fin d’une saga électorale marquée notamment par l’invalidation en justice de la présidentielle du 8 août, mais pas celle d’une crise politique qui a rappelé au pays ses profondes fractures ethniques, géographiques et sociales.
De son côté, le chef de file de l’opposition assure qu’il prêtera serment le 12 décembre, comme président du pays, quelques heures après l’investiture du chef de l’Etat Uhuru Kenyatta pour un second mandat à la tête du Kenya.
“Je prêterai serment car je suis le président légitime”, a-t-il déclaré à quelques centaines de partisans rassemblés dans une rue du sud-est de Nairobi, comparant cette future cérémonie à la récente investiture du nouveau président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa après le départ forcé de Robert Mugabe.
Depuis plusieurs semaines, il a promis de poursuivre une campagne de “désobéissance civile” suivie de manière inégale par ses partisans.
Prestation de serment dans un contexte politique tendu
La crise politique au Kenya avait paradoxalement débuté par une décision historique de la Cour suprême, le 1er septembre : saisie par l’opposition, elle évoque des irrégularités dans la transmission des résultats et invalide la présidentielle du 8 août. Une première en Afrique.
Le jugement est salué comme une opportunité pour les hommes politiques kényans de renforcer la démocratie, mais ces derniers n’auront redoublé d’efforts que dans leurs violentes invectives.
C’est – donc – dans un climat politique délétère que M. Kenyatta, 56 ans et au pouvoir depuis 2013, est proclamé vainqueur de la nouvelle présidentielle, organisée le 26 octobre.
Lorsque la Cour suprême valide finalement ce nouveau scrutin, lundi 20 novembre, le contraste est saisissant entre la liesse qui s’empare de certains fiefs de M. Kenyatta, et les manifestations réprimées dans certains bastions de son opposant, dans l’ouest du pays et certains bidonvilles de Nairobi.
Un fossé de plus en plus croissant
La victoire de M. Kenyatta avec 98 % des voix à l‘élection d’octobre est par ailleurs ternie par une faible participation (39 %) en raison du boycottage de l’opposition, qui estimait qu’elle ne pouvait en aucun cas être libre et équitable.
Les partisans de M. Odinga ont même empêché la tenue du scrutin dans quatre comtés de l’ouest (sur les 47 que compte le pays).
Car dans les fiefs de Raila Odinga, de l’ethnie Luo, cette crise a renforcé le sentiment d’avoir été déclassé, discriminé et laissé pour compte depuis l’indépendance en 1963, principalement par rapport à l’ethnie kikuyu, celle de M. Kenyatta, qui a donné au Kenya trois de ses quatre présidents.
Pour certains observateurs, cette crise est également le signe d’un fossé croissant entre les élites politiciennes et le peuple, dont une majorité silencieuse aspire à ce que le pays tourne la page.
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