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Égypte : la stratégie contestée dans le Sinaï

Égypte : la stratégie contestée  dans le Sinaï

Egypte

La réponse militaire de l’Egypte à l’insurrection jihadiste, qui sévit depuis plusieurs années dans le nord de la péninsule du Sinaï, montre ses limites au regard des multiples attaques dans la région.

L’Egypte répondra avec une “force brutale”, a martelé vendredi le président Abdel Fattah Al-Sissi, quelques heures après l’attaque de la mosquée de Bir al-Abd, qui a fait au moins 305 morts.

Peu après le carnage, pour lequel le groupe jihadiste Etat islamique (EI) a été montré du doigt, l’armée a annoncé avoir détruit plusieurs véhicules utilisés dans l’attaque, et tué leurs occupants.

Mais pour certains analystes, les représailles musclées de l’armée ne suffisent pas.

Et l’attaque de vendredi, l’une des pires de l’histoire récente du pays, a ravivé le scepticisme sur la stratégie l’Egypte dans la région, où ses forces de sécurité sont déployées en masse.

Selon Zack Gold, analyste notamment en contreterrorisme à l’Atlantic Council’s Rafik Hariri Center, le Sinaï a besoin d’une “présence militaire plus intelligente”.

L’analyste souligne notamment que les campagnes militaires nuisent à l‘économie de la région, en raison par exemple de coupures d’électricité fréquentes qu’elles occasionnent.

En outre, selon lui, “la fonction de l’armée n’est pas de protéger l’armée, mais de protéger la population et sécuriser le territoire”. Or explique-t-il, les soldats se cantonnent généralement à se tenir à des points de contrôle hors des localités au lieu de sécuriser des centres urbains.

‘Cercle restreint’

Timothy Kaldas, analyste politique au Tahrir Institute for Middle East Policy, ajoute lui que “lorsque les responsables étrangers demandent à l’Egypte de changer de stratégie (…), les autorités (…) leur refusent d’intervenir dans ses affaires internes”.

Selon l’analyste, ces stratégies sont discutées dans un “cercle restreint” qui exclut totalement le reste de la société.

Par ailleurs, des milliers de familles bédouines de la région, déjà marginalisées par le pouvoir depuis de longues années, sont confrontées à des destructions de maisons par les autorités, ou bien victimes des combats.

Selon M. Kaldas, cette situation rend “les recrutements pour l’EI plus faciles et les gens moins enclins à soutenir le gouvernement”.

En 2013, M. Sissi est arrivé au pouvoir en promettant aux Egyptiens un retour de la sécurité et de la stabilité. Quatre ans plus tard, si la promesse a été tenue dans les grandes villes d’Egypte, la situation dans le Sinaï ne semble pas à la hauteur de ses espérances.

Les autorités y affrontent une insurrection depuis la destitution en 2013 par l’armée du président issu des Frères musulmans Mohamed Morsi. Une destitution qui a été en outre accompagnée par une répression impitoyable contre toute forme d’opposition, avec des milliers d’arrestations.

Coopération bédouine

En novembre 2014, peu après l‘élection de M. Sissi à la présidence, Ansar Beit al-Maqdess, groupe jusqu’alors proche d’Al-Qaïda dans le Sinaï, a prêté allégeance à l’EI.

L’attaque de vendredi a été menée par une trentaine d’hommes armés portant la bannière de ce groupe, mais celui-ci n’a pas revendiqué l’attaque.

L’apparition de l’EI dans le Sinaï, au moment où M. Sissi affirmait son pouvoir, a vu une multiplication des attaques, tout particulièrement contre l’armée qui venait d’arriver dans cette région, jadis démilitarisée.

L’armée égyptienne, l’une des plus puissantes du Moyen-Orient, a permis d‘éviter un scénario à l’irakienne, empêchant l’EI de s’emparer de centres urbains dans le Sinaï.

En juillet 2015, elle avait notamment repousser avec ses F-16 des jihadistes qui avaient tenté de prendre la ville de Cheikh Zouweid.
Mais, selon des observateurs étrangers, si elle dispose d‘équipements modernes et d’officiers qualifiés, l’armée repose souvent sur de jeunes recrues peu formées.

Elle doit aussi faire face à la coopération entre les jihadistes et certains chefs locaux, même si d’autres chefs tribaux choisissent de coopérer avec elle.

Au lendemain de l’attaque, huit tribus se sont ainsi réunies pour s’accorder sur la nécessité d’accroître leur coopération avec les forces de sécurité.

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