Somalie
Les partenaires internationaux de la Somalie se sont mobilisés mardi pour envoyer de l’aide médicale d’urgence et des médecins, pendant que la diaspora somalienne donnait du sang, afin d’aider le pays à mieux prendre en charge les blessés du tragique attentat de Mogadiscio.
Au moins 276 personnes ont été tuées et 300 blessés samedi lorsqu’un camion piégé a explosé au carrefour K5, dans le district de Hodan, un quartier commerçant très animé de la capitale, selon un bilan officiel.
Des sources médicales estiment cependant que cet attentat, le plus meurtrier de l’histoire du pays, pourrait avoir fait plus de 300 morts.
Le fragile système de santé de ce pays qui a connu près de trois décennies de guerre civile et d’anarchie, et qui reste très dépendant de l’aide internationale, a rapidement été submergé par l’ampleur du désastre.
Des avions en provenance des Etats-Unis, du Kenya et du Qatar ont atterri mardi à Mogadiscio.
“Nous avons accueilli aujourd’hui trois avions transportant de l‘équipement médical venant des Etats-Unis, du Qatar et du Kenya. Et mis à part celui envoyé par le gouvernement américain, les deux autres repartiront avec des blessés, environ 35 victimes”, a déclaré à la presse le maire de Mogadiscio, Tabid Abdi Mohamed.
Lundi, la Turquie – l’un des principaux donateurs et investisseurs en Somalie – avait déjà raccompagné 35 blessés vers Ankara dans un avion qui avait emmené du matériel médical et des médecins, en compagnie du ministre turc de la Santé, Ahmet Demircan.
Son homologue à Djibouti, Djama Elmi Okieh, a également accompagné une équipe de docteurs spécialisés et de personnel médical dans un avion militaire pour assister les blessés, selon l’agence officielle djiboutienne.
Collecte de fonds
La ministre kényane des Affaires étrangères, Amina Mohamed, a annoncé mardi que son pays allait évacuer 31 blessés pour qu’ils soient traités dans une unité spécialisée à Nairobi, et envoyer 11 tonnes de produits médicaux.
En outre, la Croix-Rouge kényane a lancé une campagne de collecte de fonds en faveur des victimes.
“C’est un très bon signe que nous recevions de l’aide médicale, car nous ne pouvons gérer (seuls) un tel désastre”, a déclaré le Dr Abdukadir Haji Aden, directeur des ambulances Amin, le principal service ambulancier de Mogadiscio.
Selon son décompte, le bilan serait de 302 morts. Les bilans sont toujours extrêmement difficiles à établir en Somalie, où les familles enterrent souvent rapidement leurs proches, conformément au rite musulman.
“Quand la tragédie a eu lieu, le réseau téléphonique ne fonctionnait pas et notre coordination était très mauvaise parce que nous n’avons pas de talkie-walkie. Notre équipement ne suffit pas à gérer un incident aussi terrible que celui-ci”, a-t-il ajouté.
Un Somalien vivant en Suède a lancé une page GoFundMe et récolté en deux jours 15.000 euros pour aider Amin, qui dispose d’une flotte de 10 véhicules d’occasion.
Le conflit en Somalie, qui a commencé avec la chute en 1991 du régime du président Siad Barre, a créé une diaspora de 2 millions de personnes.
Le Kenya abrite la plus forte communauté somalienne. Des centaines de personnes ont donné du sang destiné à la Somalie mardi dans le quartier d’Eastleigh à Nairobi, souvent appelé le petit Mogadiscio.
‘Besoin de sang’
“Beaucoup des victimes ont besoin de sang en ce moment (…) L’affluence est énorme, nous avons beaucoup de donateurs, nous sommes submergés”, a déclaré Abdi Nasir Dahir, l’un des membres du service kényan de transfusion sanguine.
La très forte explosion avait endommagé des bâtiments et véhicules sur des centaines de mètres, et laissé de nombreux corps brûlés ou déchiquetés.
Plusieurs experts interrogés par l’AFP ont estimé que la charge était au minimum de 500 kg.
L’attentat n’a pas été revendiqué. Mais les autorités et les experts interrogés par l’AFP n’ont aucun doute que islamistes somaliens shebab – liés à Al-Qaïda et qui lancent fréquemment des attentats-suicides dans Mogadiscio et ses environs – sont derrière cette attaque.
Les shebab ont l’habitude de revendiquer les attentats qu’ils commettent, sauf dans les cas où cela pourrait mettre à mal la bienveillance que leur témoigne une certaine partie de la population.
Plus de 100 personnes non identifiées, car brûlées au point de ne pas être reconnaissables, ont déjà été enterrées. Le gouvernement somalien ne dispose pas de morgue à proprement parler, et n’est pas à même de mener de tests scientifiques pour identifier les victimes.
Cette attaque est un coup dur porté au nouveau gouvernement, huit mois après l‘élection du président Mohamed Abdullahi Mohamed, dit Farmajo, lequel avait déclaré la guerre aux shebab.
Au moins 723 personnes ont été tuées et 1.116 blessées dans des attaques à la bombe en Somalie en 2016, selon le centre de réflexion Sahan, basé à Nairobi.
AFP
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