Cameroun
Le chef-lieu de la région du Sud-Ouest du Cameroun, Buea, était lundi matin toujours quadrillé par les forces de sécurité, et les routes de la région toujours bloquées, au lendemain de la proclamation symbolique de l’“indépendance” des régions anglophones du pays par les indépendantistes.
A 07h00 GMT (08h00 locales), les rues de Buea étaient toujours vidées de ses habitants et des forces de sécurité toujours présentes, a constaté un journaliste de l’AFP. Dans le quartier “Mile 17” de Buéa, des pierres, utilisées comme projectiles lors des manifestations de la veille, étaient visibles sur la chaussée.
Dimanche, jour anniversaire de la réunification officielle des parties anglophone et francophone du Cameroun, le 1er octobre 1961, les séparatistes anglophones ont tenté de manifester pour proclamer symboliquement l’indépendance des deux régions anglophones du pays.
Selon un décompte de l’AFP, au moins quatre personnes ont été tuées ce weekend par les forces de sécurité camerounaises en marge de ces manifestations. Par ailleurs, trois prisonniers d’une prison de la ville de Kumbo – qui voulaient profiter de la situation pour s‘échapper – ont été abattus par des gardiens dimanche.
Lundi, des militants anglophones ont dénoncé sur les réseaux sociaux des arrestations, menées selon eux dimanche et lundi aux domiciles de séparatistes. L’ampleur de ces arrestations restait lundi difficile à établir.
Un journaliste de l’AFP a constaté dans la nuit de dimanche à lundi l’arrestation par des policiers de plusieurs personnes dans un quartier de Buea.
L’ONG Amnesty International a appelé lundi dans un communiqué Yaoundé à ouvrir une enquête sur les personnes tuées ce week-end par les forces de sécurité.
Alors que les mesures restrictives imposées par le gouvernement pour le week-end – dont une interdiction de se déplacer – prenaient fin lundi matin à 07H00 GMT, la circulation était toujours bloquée dans la matinée entre Buea et Douala.
Les 70 kilomètres séparant Buea de la capitale économique du Cameroun étaient ponctués de cinq check-points – tenus par des militaires pour l’un et des policiers pour les autres – contrôlant l’identité des voyageurs et stoppant la circulation à ces endroits.
“Nous avons reçu des instructions des autorités pour ne pas rouvrir la circulation”, a ainsi expliqué un commissaire de police, s’adressant à un automobiliste qui souhaitait se rendre à Douala.
Le pont sur le Moungo, qui marque la séparation entre la région Sud-Ouest et celle du Littoral, était en outre fermé lundi matin.
Depuis novembre 2016, la minorité anglophone, qui représente environ 20% des 22 millions de Camerounais, proteste contre ce qu’elle appelle sa “marginalisation”, dans l’enseignement et la magistrature notamment.
Certains anglophones exigent le retour au fédéralisme, tandis qu’une minorité réclame la partition du Cameroun. Deux scénarios que refuse Yaoundé.
AFP
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