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''Un Garçon Coquin'' : le magazine qui bouscule la "masculinité" nigériane

''Un Garçon Coquin'' : le magazine qui bouscule la "masculinité" nigériane

Nigéria

Un garçon en jupe et un autre torse nu et maquillé, cette séance photo n’est pas anodine au Nigeria. Dans ce pays où l’homosexualité est punie de 14 ans de prison, faire poser des hommes en tenue féminine est une véritable transgression.

Richard Akuson est à l’origine de ce projet photographique – qui n’est pas un magazine gay – pour son magazine en ligne. Pour lui, l’idée est seulement d’interroger la masculinité.

“L’idée que les hommes ne peuvent porter que des pantalons ou des chemises, quand d’autres veulent porter des jupes et du maquillage. Pourquoi ne pas faire en sorte que ça marche ? Chaque jour, on essaie de raconter l’histoire de ces personnes pour leur permettre de se sentir acceptés et de se sentir nigérians, et c’est ce qu’ils sont.” Défend son promoteur n’a que 23 ans, mais son assurance et son impertinence lui valent déjà une célébrité qui ne cesse de croître au fil des mois.

Il décide alors de raconter son expérience sur Bella Naija, le magazine people N°1 du Nigeria, où il travaille à l‘époque comme rédacteur en chef mode.

Son post “Pourquoi, j’ai décidé de me promener dans Abuja en mini-short moulant” fait mouche : les commentaires affluent, tantôt pour tenter de le ramener à la raison, tantôt pour le féliciter de sa prouesse provocatrice…

“Vu les réactions, je me suis dit qu’il y avait un vrai débat à engager pour interroger notre masculinité”, explique Richard.

Les premiers posts du magazine en ligne sont pour le moins déroutant dans un pays où transgresser les genres est vu comme une abomination religieuse. Wole Lawal est mannequin

“Les hommes ne sont pas vraiment autorisés à s’exprimer, je veux dire que nous ne sommes pas autorisés à parler de sexualité. C’est très tendu. Je dirais que c’est bien, c’est quelque chose de différent pour les gens qui aiment s’exprimer, qui aiment être eux-mêmes, qui aiment être différents.”

La gente féminine n’est pas en reste. Les codes sont inversés pour les hommes, comme pour les femmes. C’est le cas d’Ajoke Animashaun, mannequin qui ne cache pas son penchant. “J’adore la controverse, j’ai toujours été rebelle”, explique Ajoke Animashaun, étudiante en droit et mannequin entre deux cours. “Au Nigeria, on est trop conservateur. Les filles doivent être toujours bien habillées, avoir toujours les ongles faits… Et bien, pas moi !”, s’amuse-t-elle en montrant ses mains unicolores.

Les photos sont certes provocatrices, mais jamais vulgaires, et leur qualité d’exécution feraient pâlir les plus grands magazines de mode de Paris ou New York.

Richard espère lancer prochainement une version papier de son magazine et continuer ainsi à lever les tabous.

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