Kémi Séba : l'activiste anti-franc CFA tout feu tout flamme

La justice sénégalaise a relaxé ce mardi le Français d’origine béninoise interpellé pour avoir brûlé un billet de banque.

Il fallait au débat sur le franc CFA un visage. Désormais, ce sera celui de Kémi Séba. Ces derniers mois, l’homme a animé la chronique en organisant des manifestations contre une monnaie utilisée par les pays de l’Union économique et monétaire des États de l’Afrique de l’Ouest (UEMOA) et ceux de la Communauté des États de l’Afrique centrale (CEMAC). Mais le 19 août dernier, celui qui se présente lui-même comme un polémiste a franchi un palier en mettant le feu à un billet de 5 000 francs CFA. Un geste « pas acceptable » pour la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest qui décide de porter plainte contre le président de l’ONG Urgences Panafricanistes. L’homme est interpellé le 25 août et placé en garde à vue. Aussitôt, les réseaux sociaux s’embrasent.

Le débat sur le franc CFA se ravive, les internautes mettent le feu à d’autres billets de banque en guise de soutien à l’activiste, et ce que la BCEAO redoutait arrive. Des dizaines de personnes suivent l’exemple de Séba pendant que ses proches avancent que son procès sera celui du franc CFA.

Et en l’espace de quelques jours, les soutiens se dessinent… à l’exemple de l’artiste ivoirien Alpha Blondy qui publie une vidéo demandant sa relaxe. Mais il y a aussi ceux qui blâment un geste immature. Pour se convaincre de la vigueur du débat, il suffit de jeter un coup d‘œil aux liens qui fleurissent sur la plupart des plateformes françaises d’informations destinées à l’Afrique.

« Afro Pertinent »

C’est que c’est davantage en France que la figure de Kémi Séba né Stellio Capo Chichi fait référence. À 35 ans, il collectionne polémiques et étiquettes. Panafricaniste pour ses admirateurs – il en a quelques-uns, radical pour ceux qui s’interrogent sur son discours anti-impérialiste, raciste et anti-sémite pour les autres. Le fil conducteur entre tous ces qualificatifs étant qu’il dit défendre la « valorisation de la race noire » qu’il considère particulièrement niée dans le contexte français. Les associations qu’il créé pour défendre cette idéologie sont interdites, accusées de propager une idéologie raciste et antisémite pendant Séba écope de peines de prison allant jusqu‘à six mois.

Entre 2010 et 2013, il internationalise son audience et est coopté par l’organisation afro-américaine New Black Panther Party. Il quitte le New Black Panther Party plus tard en tant que membre pour n’en être plus qu’un conseiller. Il y a deux ans, il est reçu par l’ancien président iranien Mahamoud Ahmadinejad et confirme, ne serait-ce qu’en France, son statut d’infréquentable au même titre que l’humoriste Dieudonné dont il est proche.

Installé au Sénégal depuis 2011, Kémi Séba s’est converti en chroniqueur pour les médias locaux. Depuis mars dernier, il a lancé une nouvelle émission sur la chaîne camerounaise Vox Africa où il entend donner à entendre un discours « Afro Pertinent ».