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Zambie : urgence pour Kabwe, la ville "la plus polluée au monde"

Zambie : urgence pour Kabwe, la ville "la plus polluée au monde"

Zambie

La fermeture en 1994 des immenses usines de mines de plomb et de zinc exploitées par la Zambia Consolidated Copper Mines ou ZCCM n’auront pas réussi à sauver la ville de Kabwe de la pollution. Selon des experts en pollution, cette ville zambienne est la plus polluée au monde.

Bourgade de 220 000 habitants située à 100 km au nord de la capitale Lusaka, Kabwe se présente aujourd’hui comme l’héritage toxique des riches années d’extraction et de raffinage de plomb en Zambie. Même près de 23 ans après la fermeture de l’usine d‘État Zambia Consolidated Copper Mines ou ZCCM à cause d’une pollution au plomb et du risque de saturnisme, le bagage reste lourd à porter pour les habitants de la ville.

Jack Caravanos, expert en santé environnementale à l’Université de New York est catégorique, Kabwe est la ville la plus polluée au monde, car dans cette ville, “il y a des milliers de cas de contamination, pas des centaines comme à certains endroits”, explique-t-il au Guardian, en comparaison avec une vingtaine de sites pollués dans le monde.

A Kabwe, le sol reste, en effet, très poussiéreux avec des niveaux extrêmes de plomb. Le plomb dans les sols atteint 10 fois la limite de sécurité américaine et peut être beaucoup plus élevé dans les points chauds. Le métal, utilisé à travers le monde dans les batteries de voiture, est une neurotoxine puissante et est particulièrement dommageable pour les enfants. Pourtant, y sont exposés en jouant par terre ou en le respirant.

Annie Kabwe, mère de famille dans la ville affirme avoir remarqué comment ses enfants souffraient de douleurs à l’estomac, de fièvres et perdaient de poids. Au départ, elle pense à une infection du VIH. Les tests se sont révélés négatifs, mais d’autres indiquaient qu’il s’agissait bien d’une intoxication au plomb. En dépit de meilleures mesures d’hygiène, Annie Kabwe a toutefois noté “qu’ils ne sont pas vraiment bien à l‘école”.

Une corrélation qui fait sens. Car selon l’expert Caravanos, l’empoisonnement au plomb peut avoir pour effet les lésions cérébrales, la paralysie et finalement la mort. Une source locale rapporte d’ailleurs que les enfants de Chowa, le canton qui abritait autrefois les mines et les travailleurs de la raffinerie, sont nettement différents de ceux des cantons moins pollués : “Je remarque une lenteur et ils prennent beaucoup plus de temps à développer leurs idées.”

“Une goutte d’eau dans l’océan”

Après des décennies, les problèmes de Kabwe sont loin d‘être résolus. Surtout que des populations démunies continuent à se ruer sur les Black Mountain (montagne noire), où elles travaillent illégalement avec des compagnies minières pour l’extraction du plomb.

Néanmoins, de fines lueurs d’espoir renaissent après le projet de la Banque mondiale qui a débloqué 15 millions de dollars pour lancer un programme de décontamination du site qui a pris fin en 2011. Un autre projet de l’institution de Bretton Woods estimé à 65 millions de dollars et lancé en décembre 2016 pour Kabwe et trois autres zones minières attend par ailleurs d‘être validé par le gouvernement zambien.

Ce projet comprend un programme dans lequel plus de 3 000 enfants et des citoyens de Kabwe seront soumis à des soins médicaux et à une prise en charge médicale constante.

A Lusaka, le pouvoir central prend de plus en plus conscience de l’ampleur du problème et a lui aussi initié quelques mesures. Il s’agit entre autres de la décontamination de Kabwe, la réparation du canal bouché qui est censé canaliser le ruissellement du site minier et de la prise en charge médicamenteuse des personnes présentant de fortes doses de plomb dans leur sang. Mais aucune indication sur un éventuel dédommagement des populations touchées.

Existe également des initiatives privées comme celle d’ONGs qui ont commencé dès 2015 à nettoyer le site. Financées par Terre des Hommes Allemagne et Pure Earth, ces opérations ont déjà permis de purifier le sol de 120 foyers.

“C’est une goutte dans l’océan, mais nous sommes heureux d’avoir visité les maisons les plus polluées d’abord”, déclare Namo Chuma, directeur de l’environnement africain en Zambie.

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