Côte d'Ivoire : les démobilisés descendent encore dans les rues

En Côte d’Ivoire, les démobilisés ne décolèrent pas. Ce lundi, ils étaient encore dans les rues pour exiger une meilleure prise en charge de l‘État pour leur rôle joué dans la crise postélectorale de 2010-2011.

A Bouaké, bourgade emblématique de la rébellion ivoirienne, plusieurs centaines de démobilisés ont manifesté ce lundi bloquant à la morgue, pendant une dizaine de minutes, la ministre ivoirienne de la Solidarité qui venait assister aux obsèques d’un des démobilisés tués pendant les mutineries de la semaine dernière.

La ministre a soulevé l’ire des anciens combattants lorsqu’elle a annoncé la réalisation de projets pour eux.

Au corridor de Yopougon Gesco, à l’entrée nord d’Abidjan, ils sont également sortis par centaines, paralysant pendant de bonnes minutes la circulation. Un seul mot d’ordre, “on veut aussi notre argent”, scandaient-ils.

Les forces de l’ordre ont rapidement été déployées pour éviter que la situation ne s’amplifie comme cela a été le cas une semaine en arrière. À coups de gaz lacrymogène, elles ont réussi à disperser les manifestants.

De l’argent ou rien

Issus de l’ancienne rébellion, ces soldats “désarmés” – qui ont soutenu le président Alassane Ouattara lors de la crise de 2010-2011 contre l’ex-président Laurent Gbagbo et estimés à 6 000 sur le territoire ivoirien -, n’ont pas été intégrés dans l’armée ivoirienne contrairement à certains de leurs amis combattants. À l’inverse, ils ont bénéficié d’un programme de réinsertion dans la vie civile, selon l‘État.

Une version contestée par ces anciens combattants qui affirment avoir été lésés et exigent eux-aussi une meilleure prise en charge du gouvernement. Concrètement, ils aimeraient eux-aussi touché une prime d’effort de paix que touchent depuis janvier les anciens rebelles réintégrés dans l’armée.

D’ailleurs pour cette revendication, les démobilisés ont perdu l’un des leurs lors des récentes mutineries en Côte d’Ivoire. Les mutins avaient débarqué dans une base de démobilisés et avaient tiré des coups de feu, reprochant à leurs anciens compagnons de réclamer les même primes qu’eux, réduisant ainsi les chances de voir leurs revendications aboutir.

Les mutins avaient réclamé 12 millions de francs CFA de primes (18.000 euros) et obtenu le versement dès janvier de 5 millions (7.500 euros). On leur avait promis de payer les 7 millions restants par tranche à partir de ce mois de mai.

Après un accord avec le gouvernement, ils sont finalement entrés en caserne après une mutinerie qui a fait officiellement quatre morts et neuf blessés.