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RDC : à Lusanga, les habitants vivent dans la nostalgie d'un passé glorieux avec Unilever

République démocratique du Congo

Villas envahies par des hautes herbes, bureaux abandonnés, usines en ruine… C’est le visage que présente la cité de Lusanga, l’ex-Leverville, en République démocratique du Congo.

Des souvenirs douloureux des travaux forcés et des brimades, mais aussi la nostalgie d’une prospérité perdue s’entrechoquent dans cet ancien foyer de l’empire disparu de la multinationale anglo-néerlandaise.

Le blanc était fort, il imposait au chef du village de lui donner de la main d’oeuvre. Certains d’entre eux ne savaient pas couper les noix. On mettait alors du feu à la souche de l’arbre pour le pousser à grimper sur le palmier, au même moment un policier te menaçait avec un fouet en bambou. Ceux qui réussissaient, obtenaient une carte de coupeur de noix de palme. Se rappelle Sévérin Mabanga, ancien coupeur de noix de palme de la société de Plantations Lever au Zaïre (PLZ).

Située à environ 570 kilomètres à l’Est de Kinshasa, la cité est apparue en 1911 dans ce qui était alors le Congo belge regorgeant d’immenses concessions de forêts de palmiers sauvages. Elles appartenaient à l’entrepreneur anglais William Lever, dont la société Lever Brothers donnera naissance moins de deux décennies plus tard à Unilever, aujourd’hui mastodonte international de l’industrie agroalimentaire et cosmétique.

En tout cas, c’est avec l’usine que ce village pouvait vivre. Il y avait beaucoup de travailleurs qui étaient engagés, les écoles étaient entretenues, les hôpitaux tout ça… Avec la destruction de l’usine, il y a presque plus de monde ici, tout le monde à préférer partir ailleurs que de rester ici sans rien faire. Ajoute Mukangu Crispin, ancien employé de l’administration PLZ.

Le “système huilier” du Congo belge fut “un système de contraintes” (selon le professeur Henri Nicolaï dans la revue géographique belge Belgeo en 2013 ) qui s‘écroulera après l’indépendance, “lorsque l‘économie huilière fut débarrassée des abus qui l’avaient entachée”.

Avec la chute du système huilier et les guerres ayant ravagé le pays entre 1996 et 2003, Unilever se désengage progressivement et cède l’intégralité de ses actifs restants dans le pays en 2009.

Et puis la population est resté dans la pauvreté, dans la misère la plus totale parce qu’il n’y avait plus d’activité. Vous vous rappelez à cette époque, il y avait même des cantines ici, les dépôts pour s’acheter de quoi à manger. Maintenant, les gens de Lusanga pour s’approvisionner partent jusqu‘à Kikwiti. Se désole Mondenge Loota Thomas, administrateur du territoire de Bulungu.

Dans cette localité d’environ 15.000 habitants, aujourd’hui dépourvue de la moindre infrastructure, sans électricité ni eau potable, il reste encore de l’espoir d’un miracle de relance des activités par un énième repreneur, une entreprise colombienne selon M. Mondenge.

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