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Cameroun : le gouvernement critiqué après la condamnation d'un journaliste pour « blanchiment d'actes de terrorisme »

Cameroun : le gouvernement critiqué après la condamnation d'un journaliste pour « blanchiment d'actes de terrorisme »

Cameroun

Le correspondant de la Radio France Internationale (RFI) Ahmed Abba a écopé d’une peine de 10 ans de prison devant le tribunal militaire de Yaoundé. Une sentence qui suscite la controverse et interroge sur l’implication des médias sur les sujets d’ordre sécuritaires.

Depuis ce lundi, la sentence du correspondant en langue haoussa de RFI, Ahmed Abba, est connue. Reconnu coupable de non-dénonciation et blanchiment du produit d’un acte terroriste, il doit en plus de sa peine de prison, s’acquitter d’une amende de 56 millions de francs CFA (environ 85 000 euros). Une peine qui ne satisfait ni les avocats du journaliste qui demandaient sa relaxe, ni le procureur de la République qui avait lui plaidé la peine de mort ou la perpétuité.

Une peine qui a provoqué une levée de boucliers des associations et organisations de défense des droits des journalistes. Elles critiquent le déroulement du procès et pointe l’absence de preuves tangibles et les multiples reports d’audiences.

Reporters Sans Frontière, la plus emblématique des ces plateformes s’insurge contre la volonté des autorités camerounaises de baillonner la presse qui s’intéresse à la lutte contre Boko Haram. « Clairement c’est un message d’intimidation et on voit bien dans le contexte actuel que le gouvernement camerounais resserre les vis autour des questions de liberté d’expression (…) C’est un message d’intimidation envers les journalistes de façon générale, mais surtout en ce qui concerne toutes les questions liées à la sécurité, à la lutte contre Boko Haram. »

Quant au Forum des éditeurs africains, il appelle tout simplement « le président Paul Biya et son gouvernement à libérer immédiatement le journaliste ». Le groupe regrette par ailleurs que « certains gouvernements profitent de la soi-disant guerre contre le terrorisme pour brimer la liberté et l’indépendance des médias ».

Difficile de dire, pour l’instant, quelle sera la réaction de Yaoundé à ces interpellations. En attendant les conseils d’Ahmed Abba ont interjecté appel du verdict du tribunal militaire qui juge des accusations en lien avec le terrorisme en première instance.

Car c’est effectivement de complicité avec une entreprise terroriste qu’est accusé le correspondant de RFI. Il a été arrêté en juillet 2015 dans la région de l’Extrême-Nord après avoir couvert une activité du groupe islamiste Boko Haram. Il est inculpé dans la foulée.

Le journaliste est placé en détention pendant quatre mois sans pouvoir entrer en contact avec un avocat, sa famille ou encore avec l’entreprise qui l’emploie. Son entourage évoque par ailleurs des tortures. Son procès s’ouvre finalement en janvier 2016. Et il est entendu par ses juges qu’en mars 2017.

Ahmed Abba a clamé son innonce tout au long de ce procès. Sa maison de presse, RFI, apportera des preuves qui ont permis de commuer l’accusation d’apologie au terrorisme en blanchiment du produit d’un acte terroriste.

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