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Afrique du Sud : colère et indignation après le limogeage du ministre des Finances

Afrique du Sud : colère et indignation après le limogeage du ministre des Finances

Afrique du Sud

L’Afrique du Sud politique se montre consternée après le dernier remaniement ministériel orchestré par le président Jacob Zuma, tard dans la soirée de jeudi. Point saillant de cette opération, le limogeage du très respecté ministre des Finances Pravin Gordhan.

Les réactions se multiplient ce vendredi. En chœur, hommes politiques et économistes déplorent le dernier remaniement ministériel en Afrique du Sud qui a été dévoilé dans la nuit de jeudi, avec pour objectif, selon le président Zuma de “mettre en oeuvre une transformation socio-économique radicale afin de faire du rêve d’une meilleure vie pour les pauvres et les classes populaires une réalité”.

Comme pressenti depuis des jours, le ministre des Finances Pravin Gordhan a été limogé, de même que son adjoint et d’autres figures importantes du gouvernement. Ce vendredi, l’Association bancaire d’Afrique du Sud a affirmé que le renvoi de M. Gordhan et de son adjoint soulève des “préoccupations alarmantes” pour la discipline budgétaire.

Même point de vue du côté du Congrès des syndicats sud-africains, allié du Congrès national africain (ANC) – le parti de Jacob Zuma. “Nous sommes préoccupés par l’instabilité de l’ANC et du gouvernement”, a commenté Matthew Parks, coordinateur parlementaire de ce congrès.

La deuxième figure de l’ANC a elle aussi critiqué ouvertement le procédé par lequel a été fait le remaniement. Sur une radio locale, Gwede Mantashe, secrétaire général du parti au pouvoir, a déploré vendredi la décision du président Jacob Zuma de renvoyer le ministre des Finances Pravin Gordhan.

“Pour la première fois, les responsables (de l’ANC) n’ont pas pu se mettre d’accord ou accepter les changements”, a-t-il commenté. “On nous a donné une liste complète” des nouveaux ministres, a expliqué M. Mantashe. “En tant que secrétaire, j’ai compris que cette liste avait été préparée ailleurs puis donnée pour l’approuver (…) ce procédé m’a rendu nerveux et mal à l’aise”, a-t-il ajouté.

Quant au Parti communiste sud-africain, un autre allié de l’ANC, il appelle les Sud-Africains à prendre des “mesures sérieuses contre le pillage des deniers publics contre lequel le ministre Gordhan a fait un excellent travail”, a déclaré Solly Mapaila, deuxième vice-président du SACP lors d’une interview à la radio.

Pour le président de la ligue des jeunes de l’ANC, cependant, ce cabinet aura pour avantage de permettre “une redistribution des richesses et des terres”.

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Instabilité intense, l’ANC dévisagée

Un éventuel limogeage du ministre Pravin Gordhan, en guerre ouverte avec le président Jacob Zuma, englué dans une pléthore de scandales financiers, a laissé envisager un risque de rupture au sein de l’ANC. En effet, alliés et membres du parti au pouvoir avait dores et déjà exprimé leur opposition sur la question.

Rappelé en décembre 2015, Pravin Gordhan, très respecté des marchés financiers, avait réussi à stabiliser la monnaie nationale et les marchés boursiers après que le président Zuma a nommé un parfait inconnu de la sphère financière. Jeudi, les marchés et les investisseurs redoutaient que l‘économie sud-africaine, au ralenti et endettée, retombe dans ses tribulations.

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En effet, le limogeage de M. Gordhan avait été pressenti lorsque le chef de l‘État a brusquement interrompu une tournée de promotion auprès des investisseurs de son ministre au Royaume-Uni en lui ordonnant de rentrer toutes affaires cessantes en Afrique du Sud.

Cette autre affaire vient de nouveau illustrer les dissensions au sein de l’ANC, au pouvoir depuis la fin officielle de l’apartheid en Afrique du Sud, en 1994. Aujourd’hui, le parti de Nelson Mandela est segmenté en deux sections : l’aile du président Jacob Zuma et celle incarnée par le vice-président de l’ANC, Cyril Ramaphosa et Pravin Gordhan.

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Autre signe de cette fracture prononcée, mercredi, le président Zuma a été interdit de participer aux obsèques d’Ahmed Kathrada, compagnon de cellule de Nelson Mandela et figure historique de l’ANC. A l’inverse, Pravin Gordhan a été accueilli en triomphe, lors de cette cérémonie qui a très vite viré à un meeting anti-Zuma.

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