Libye
Des groupes armés, notamment de la ville libyenne de Misrata (ouest), sont arrivés cette semaine à Tripoli où ils ont annoncé la création d’une force armée “indépendante”, suscitant l’inquiétude des autorités locales et de Washington.
Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la capitale libyenne est sous la coupe de dizaines de milices dont les allégeances et les zones de contrôle sont mouvantes.
Une source proche du gouvernement d’union (GNA), basé à Tripoli et appuyé par l’ONU et les pays occidentaux, a précisé samedi que la plupart des groupes armés arrivés dans la capitale faisaient partie des forces qui ont chassé l’an dernier le groupe Etat islamique (EI) de Syrte.
“Ils se sentent maintenant marginalisés et sont à la recherche d’un appui”, a ajouté cette source sous couvert de l’anonymat, précisant que des réunions étaient en cours samedi avec leurs commandants “pour tenter de trouver une solution”.
Les États-Unis ont remarqué vendredi “avec inquiétude l’entrée à Tripoli de nombreux véhicules armés d’une organisation prétendant être la garde nationale libyenne“.
“Ce déploiement risque de déstabiliser davantage la sécurité déjà fragile à Tripoli”, a ajouté le département d’Etat dans un communiqué, appelant à la construction d’une “force militaire nationale unifiée sous commandement civil capable de fournir la sécurité à tous les Libyens et de lutter contre les groupes terroristes”.
Mahmoud Zagal, un commandant militaire de Misrata, avait annoncé jeudi la création d’une “Garde nationale libyenne sans appartenance politique” qui aura pour mission de combattre l’EI, de sécuriser les institutions de l’Etat et les missions diplomatiques.
M. Zagal n’a pas précisé si cette “Garde nationale” appuyait ou non le GNA. Mais selon des sources locales, plusieurs des milices qui la composent étaient loyales à Khalifa Ghweil, un ancien dirigeant qui avait autoproclamé en 2014 à Tripoli un “gouvernement de salut national” et n’avait ensuite pas voulu reconnaître le GNA quand ce dernier s‘était installé dans la capitale en 2016.
L’annonce de la création de “la garde nationale” affaiblit encore plus le GNA, qui s’apprête à lancer avec l’appui de l’ONU une “garde présidentielle” pour sécuriser les institutions de l’Etat et les missions diplomatiques.
Près d’un an après son installation, le GNA n’arrive toujours pas à asseoir son autorité dans l’ensemble du pays ni même dans la capitale. Il fait face notamment à la hostilité d’une autorité rivale basée dans l’est du pays et qui refuse de le reconnaître.
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