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Faut-il craindre le pire en Côte d'Ivoire ?

Faut-il craindre le pire en Côte d'Ivoire ?

Côte d'Ivoire

Qui suit l’actualité politique et sociale en Côte d’Ivoire n’est pas loin d’avoir le tourni. Grève générale des fonctionnaires, mécontentement matérialisé de soldats et gendarmes, portes du savoir fermées… Malgré une embellie économique remarquable, la sphère sociale ivoirienne implose.

L‘État ivoirien a le dos au mur. Les dernières nouvelles provenant de la Côte d’Ivoire ne sont pas très rassurantes. La mutinerie des gendarmes et autres soldats mécontents se poursuit à Abidjan, la capitale économique, et dans plusieurs villes de l’intérieur notamment Bouaflé, Bouaké ou encore Odienné.

Selon de nombreuses sources, le port autonome d’Abidjan, fleuron de l‘économie ivoirienne a été fermé en raison des tirs. Des informations font également état de la libération de prisonniers dans certaines villes.

Comme depuis le début de la seconde mutinerie ce mardi, les gendarmes exigent eux-aussi les mêmes primes que celles reçues par les militaires – anciens rebelles – 12 millions de FCFA (18.000 euros) dont 5 millions (7.500 euros) payés ces jours-ci. Une revendication partagée par une partie des militaires, fort peu enclin à être lésés dans le partage.

“Tous les corps habillés (militaires et gendarmes) ont participé à la guerre (dix années d’instabilité), donc s’il doit y avoir une prime, elle doit être pour tout le monde”, assurait un gendarme mardi.

Risques d’affrontements entre soldats

Reste que, face à eux, se dressent d’autres corps armés qui tentent d‘étouffer les manifestations de leurs frères d’arme. De quoi faire craindre d’une bataille entre forces de sécurité selon des observateurs avertis de la vie politique ivoirienne. A Yamoussoukro notamment, deux mutins ont été tués par des soldats, dit-on de la Garde républicaine, un corps d‘élite directement relié à la présidence.

“Nous étions à la banque pour prendre notre argent et ils (les gendarmes) viennent tirer partout pour faire peur aux gens. Les banques ont fermé alors que tout le monde n’a pas encore été payé, a raconté un soldat (…) Tant que nous ne serons pas tous payés, celui ou celle qui tirera un seul coup de feu en l’air, nous trouvera sur son chemin”, racontait un militaire ivoirien – ancien rebelle – à l’AFP.

De l’autre côté, il y a les agents de la Fonction publique qui suivent avec attention les événements dans l’armée. Fin 2016, c’est eux qui ouvraient le bal des revendications avec un mot d’ordre de grève générale. Leurs exigences n’ayant pas été satisfaites, le mot d’ordre a été renouvelé deux fois depuis le début de l’année. Ils réclament des primes et contestent une réforme des retraites entrée en application en 2015.

Avec le début du paiement des primes de plusieurs centaines de millions de francs CFA à environ 8500 militaires, les appétits s’aiguisent davantage. D’où la fable devenue certitude qu’il n’est point question de restrictions budgétaires comme le gouvernement le faisait valoir. Conséquence, les syndicats de la Fonction publique n’entendent pas céder un pouce de terrain tant que leurs réclamations ne sont pas entendues et satisfaites.

Faible marge de manoeuvre

Des dossiers sensibles qui rendent bien difficile l’entrée de la Côte d’Ivoire dans sa troisième République. Le gouvernement a en effet une faible marge de manoeuvre. Les caisses de l‘État parviendront-elles à assurer le paiement des primes à tous les soldats de même qu‘à l’administration publique, et dans le même temps assurer les affaires courantes de l‘État ?

S’il est vrai que la Côte d’Ivoire enregistre un beau score de croissance, la baisse des cours mondiaux des matières premières notamment du cacao dont le pays est premier producteur mondial, pourrait rendre les choses compliquées.

Mercredi, à l’issue d’un Conseil de ministres, le gouvernement a annoncé un plan d’urgence pour taire un tant soit peu la colère des mécontents. Un plan qui définira, sans aucun doute, la météo sécuritaire et sociale dans le pays.

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