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Focus/Japon-Afrique : un nouveau modèle de coopération

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Tokyo. Ses 500 gratte-ciel et rues foulées par près de 15 millions d’âmes. La capitale japonaise, vitrine du savoir faire de la troisième économie mondiale, n’est pourtant pas invulnérable aux chocs économiques extérieurs qui ont ébranlé la planète. Du statut de courtisan, le Japon est passé à celui de partenaire de l’Afrique et se veut porteur d’un modèle de coopération différent.

Le miracle économique japonais, connu dans les années 60, repose en grande partie sur l’industrie automobile, l’équipement et l’innovation technologique… autant de secteurs dans lesquels le Japon a promis de fournir davantage de formation aux jeunes africains.

30 000 d’entre eux seront formés dans le secteur industriel dans les trois années à venir. C’est l’une des annonces faites par le gouvernement japonais lors du dernier sommet du ‘‘Tokyo international conférence on African development’‘.

Daikin, une société spécialisée dans l’air conditionné a, elle, une longueur d’avance. 5 techniciens originaires de la RDC ont été formés ici lors de stages étalés sur trois ans.. Une formation axée sur l’installation et l’entretien de machines prisées en région subsaharienne. Un marché africain qui ne cesse de grandir. Le PIB du continent devrait atteindre 2900 milliards de dollars d’ici 2020. Néanmoins, malgré la croissance, les défis du développement restent nombreux.

Un constat fait par l’entreprise sociale “Polyglu” dont l’une des ambitions est de réduire le volume des eaux polluées en Afrique. Kanetoshi Oda en est le fondateur. C’est lui qui a conçu l’agent composé de graines de soja qui permet de purifier les eaux insalubres. Le produit, une fois versé dans l’eau, condense les bactéries et saletés, des agents polluants qu’il suffit ensuite d’extraire, grâce un filtrage, afin d’obtenir une eau propre et potable.

« Dans ces régions, le taux de mortalité infantile était de 5 % avant que l’eau ne soit purifiée. Mais après avoir introduit l’agent PolyGlu, ce taux est tombé à 2, voire 1,8 % », explique Kanetoshi Oda. L’inventeur se félicite d’employer 3 000 personnes localement, une coopération d’affaires plus viable, selon lui, que l’assistance fournie par les ONG qui opèrent en Afrique. « Je peux vous donner un exemple, celui d’une opération de Save The Children basée sur des donations. Ils avaient mis en place une unité de purification d’eau, mais une fois que le projet est arrivé à sa fin, l’équipe est tout simplement partie, laissant la population à l’abandon. C’est un crime ! », déplore-t-il.

Une myriade d’autres sociétés japonaises surfent sur le développement qui rapporte.
C’est le cas de LIXIL, une entreprise qui conçoit des latrines adaptées aux régions dépourvues d’infrastructures sanitaires et qui a développé un système de transformations des déjections humaines en engrais..

« C’est l’un de nos modèles les plus récents. Un WC en plastique comme vous le voyez… »

« En Afrique, il y a déjà des millions de latrines à fosse. Notre produit crée une enveloppe hermétique, car l’eau utilisée est conservée dans la petite porte. Avant installation, il n’y a qu’un trou à l’air libre et c’est peu confortable. Et puis, cela empêche aussi aux insectes de pénétrer la fosse. Or, les insectes sont les principaux vecteurs de maladies. Ce système crée des emplois, non seulement dans les usines, mais aussi tout au long de la chaîne de distribution jusqu’aux quincailleries. Les toilettes sont faciles d’installation. Il suffit d’une heure ou deux. Pour l’instant, nous fabriquons en Ouganda. D’ici deux mois, nous commencerons à fabriquer au Kenya ».

« À partir des déjections solides, l’on peut fabriquer de l’engrais pour ce qui est du liquide, on peut obtenir un fertilisant liquide. Lorsque je me suis rendue au Kenya, aucun agriculteur ne voulait utiliser l’engrais que nous fabriquons. La barrière psychologique était très présente. Pour qu’ils finissent par adhérer, il a fallu travailler à leur côté, afin qu’ils utilisent cet engrais. Notre projet n’est pas un volontariat. Il faut un modèle commercial afin d’assurer la durabilité de ce projet ».

Accords du TICAD

Lors du dernier sommet du Ticad à Nairobi, 73 accords sont signés afin de booster les relations commerciales entre le Japon et l’Afrique. Des accords de principe critiqués dans la foulée par l’envoyé spécial chinois au Kenya, pour qui le Japon pourrait s’ajouter à la longue liste de pays qui ont fait des promesses non tenues aux Africains.

Les investisseurs japonais avancent pourtant des projets concrets. Le groupe Sakata, leader mondial des semences potagères et florales, a déjà monté une coopérative d’opportunité et de développement en Afrique du Sud et ambitionne d’étendre ses activités sur le continent.

« La plupart des leaders présents lors du TICAD se sont accordé à dire que le développement passe nécessairement par l’agriculture. L’agriculture commence par les graines. Et c’est là que Sakata entre en jeu. L’Afrique représente un énorme potentiel pour nous. Mais, sur place, il y a encore beaucoup à faire. Nous voulons collaborer avec les agriculteurs locaux afin de les aider à diversifier et développer le secteur. ».

L’idée d’un partenariat d’égal à égal entre Japonais et Africains implique que le transfert de technologie ne soit pas unilatéral. Illustration avec la société Kansai Paint, où la nouvelle peinture anti-moustique développée par l’entreprise n’a pas été conçue au siège. « Notre chimiste sud-africain a présenté cette technologie lors de notre réunion mondiale. Cela a beaucoup intéressé notre chimiste en Malaisie, qui l’a adapté au climat du pays. En 2016, nous avons monté deux sociétés en participation, au Kenya et au Nigeria. Nous allons maintenant leur céder la direction des opérations. Bien sûr, nous transmettons notre façon de faire, notre technologie, mais nous respectons et accordons de l’importance au savoir-faire local ».

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