Nigeria : citée dans un scandale de corruption, l'ex-Première dame Patience Jonathan se défend

La vaste campagne anti-corruption initiée par l’actuel président nigérian bat toujours son plein dans le pays. Patience Jonathan, l‘épouse de l’ancien président Goodluck Jonathan, accusée de blanchiment, a engagé une bataille judiciaire contre la Commission des crimes économiques et financiers (EFCC) pour récupérer ses millions de dollars.

Elle réclame quelque 15 millions de dollars logés sur quatre comptes et gelés depuis juillet 2016 par la EFCC ; mais également 200 millions de dollars de dommages et intérêts pour le préjudice subi, dans une plainte déposée en octobre contre l’agence anti-corruption du pays.

Patience Jonathan, l‘épouse de l’ancien chef d‘État nigérian Goodluck Jonathan dit être victime d’un “harcèlement” de la part de la EFCC et en appelle à l’arbitrage de la Chambre des Représentants du Nigeria.

Selon la EFCC, en revanche, l’ex-Première dame s’est rendue coupable de blanchiment d’argent, provenant “d’activité criminelles”. Des allégations que rejettent en bloc l’ancienne enseignante et agent de banque de 59 ans qui assure plutôt que cette somme devait servir à payer ses frais médicaux.

De nouvelles enquêtes auraient par ailleurs permis de découvrir d’autres comptes suspects dont un avec cette fois 175 millions de dollars. Cette somme figurait sur le compte de la société Pluto Property & Investment, une entreprise appartenant à Patience Jonathan.

“Tous les dépôts ont été réalisés en cash, ce qui indique qu’il s’agissait d’un pur cas de blanchiment d’argent”, indique une source au journal The Nation qui a réalisé une enquête à ce sujet. “Et cela sans que n’ait eu lieu une quelconque signature de contrat entre la société et un tiers”, ajoute la source.

Les deux parties ont été entendues par la Cour suprême ce mercredi, de même que l’ancien conseiller spécial chargé des affaires intérieures, Waripamowei Dudafa cité dans le scandale, et la Skye Bank où sont logés les comptes. La prochaine audience a été fixée au 18 janvier prochain.

En attendant, Patience Jonathan jouit du soutien des communautés chrétiennes Igbo, dans le sud du Nigeria – d’où elle et son époux sont issus – qui dénoncent une tentative “d’humilier” l’ancien président Goodluck Jonathan. Fin novembre, des manifestations avaient gagné la ville d’Enugu pour protester contre la décision de l’agence anti-corruption.

La campagne de lutte contre la corruption au Nigeria lancée par le président Muhammadu Buhari a épinglé de nombreuses hautes personnalités, dont des juges de la Cour suprême arrêtés lors d’une opération sans précédent en octobre. Pour de nombreux analystes, cependant, cette nouvelle affaire impliquant l’ancienne Première dame pourrait aboutir à l’ouverture une enquête sur son époux, en dépit de la promesse faite par Muhammadu Buhari de ne pas inquiéter son prédécesseur.