Tunisie
Ils sont certes encore libres, mais Rached Khiari et Jamel Arfaoui, deux journalistes tunisiens pourraient purger une peine de prison allant jusqu‘à trois ans pour des accusations “d’atteinte à la réputation de l’armée”. Une situation qui inquiète l’ONG Human Rights Watch.
Le premier, Rached Khiari est menacé par la justice après son apparition dans un programme télévisé dénommé “Uniquement pour ceux qui osent” diffusée sur la chaîne El Hiwar Ettounsi. Il avait alors révélé que le gouvernement tunisien avait autorisé l’installation sur son territoire de drones américains pour espionner la Libye et que le Pentagone a une base militaire en Tunisie.
Des informations confirmées quelques jours plus tard par le président tunisien Béji Caid Essebsi dans un entretien télévisé.
Le 21 novembre, suite à sa participation à l‘émission, le journaliste Rached Khiari est comparu devant le juge d’instruction pour avoir porté atteinte à la réputation de l’armée.
Son confrère Jamel Arfaoui, lui, est dans le collimateur de la justice tunisienne pour la publication d’un article. Un texte publié le 30 juillet et qui critique “l’insuffisance de l’enquête menée par l’armée sur un accident d’avion militaire dans lequel ont péri deux officiers”, d’après HRW.
Tout comme Rached Khiari, il risque jusqu‘à trois ans de prison pour avoir “entaché la réputation de l’armée” en vertu de l’article 91 du code de la justice militaire qui sanctionne “les atteintes à la dignité, à la renommée ou au moral de l’armée.”
Mais pour l’ONG Human Rights Watch, il n’y a pas de procès qui tienne. Elle demande au tribunal militaire où seront jugés les deux journalistes, d’abandonner les charges contre eux.
Pour l’organisation, cette condamnation est une violation du droit international, les deux hommes étant des civils, ils ne sont pas soumis à cette loi selon la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples.
Les poursuites sont également incompatibles avec les obligations de la Tunisie en vertu de l’article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), argue l’ONG.
Amna Guellali, directrice du bureau de Tunis de Human Rights Watch estime que “les autorités devraient amender les lois, adoptées lors de périodes plus répressives, qui font de la critique des institutions ou des personnalités publiques un crime”, plutôt que de “s’employer à faire taire les critiques”.
Ce ne sera pas la première fois que des journalistes seront jugés pour diffamation à l’armée. En 2015, le blogueur Yassine Ayari a été condamné à six mois de prison pour avoir vertement critiqué l’armée sur son compte Facebook. Après quatre mois de détention, il a obtenu une libération provisoire.
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