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Manifestations au Maroc : faut-il craindre un autre printemps arabe ?

Manifestations au Maroc : faut-il craindre un autre printemps arabe ?

Maroc

La colère est toujours vive au Maroc, quatre jours après la mort atroce d’un vendeur de poissons, broyé par une berne à ordures à Al-Hoceima, alors qu’il tentait de s’opposer à la saisie et à la destruction de sa marchandise par des agents de la ville.

Malgré une enquête qui a déjà permis l’arrestation d’une dizaine de personnes, une vague de contestations pacifiques a gagné certaines villes du Maroc – Casablanca, Marrakech et Rabat entre autres – où des Marocains, émus par les circonstances effroyables de la mort de Mouhcine Fikri, réclament justice et réparation.

#Maroc: Une vague d'indignation et de manifestations au Maroc après la mort d'un vendeur de poisson, broyé par une benne à ordures. pic.twitter.com/ZVi8ZQKPrj

— Crescent Star Africa (@crscntstrafrica) 31 octobre 2016

Faut-il pour autant créer le parallèle avec le “printemps arabe” qui a secoué l’Afrique du Nord dès 2011 et entraîné la chute d’anciens leaders de cette partie de l’Afrique ?

Non, répondent certains analystes. Jean-Noël Ferri, un spécialiste du monde arabe qui s’est exprimé dans une tribune du site Le Parisien estime que bien que l‘émoi soit réel, le Maroc est encore loin de ce qu’a connu la Tunisie en 2011.

“Ce qui s’est passé est atroce, et 80 % de la mobilisation vient du caractère choquant de la mort de cet homme. Il me semblerait imprudent de considérer que le pays est dans un état de précrise”, explique-t-il.

Jean-Noël Ferri met ainsi en opposition les régimes de l’ancien président tunisien Zine El-Abidine Ben Ali et du roi marocain Mohamed VI. Contrairement à 2011, où Ben Ali était “largement délégitimé”, la démocratie au Maroc fonctionne bien, estime-t-il. “La légitimité du pouvoir n’est pas remise en cause”.

Bien au contraire, de son avis, la réaction de milliers de Marocains suite à ce drame, est “un témoin du bon état de la société”. Une société dans laquelle “ce genre de drame ne passe plus” a-t-il ajouté.

Une vision que partage largement Aïcha Akalay, directrice de la rédaction de l’hebdomadaire marocain Tel Quel qui souligne que les manifestations en cours au Maroc tranchent nettement de celles qu’a connues la Tunisie. Elle s’insurge en outre contre la précipitation avec laquelle des comparaisons sont faites entre le Maroc et la Tunisie de 2011.

“En voyant les choses à travers un prisme occidental et orientalisant, on a l’impression qu’il va arriver la même chose qu’en Tunisie. Mais ce sont deux pays différents. Le régime de Ben Ali n’est pas notre régime politique, où le monarque fait consensus et le gouvernement est élu”, a-t-elle justifié sur le site de FranceInfo.

En 2011, la mort de Mohamed Bouazizi – un vendeur ambulant qui s’est immolé par le feu – avait marqué le départ du “Printemps arabe”. Des manifestations d’ampleur, parfois violentes, avaient gagné les rues de la Tunisie avant de se reproduire dans plusieurs pays du monde arabe.

Pour l’heure, au Maroc, on n’en est pas encore là. La majorité des manifestants défilent contre la “hogra”, une forme de mépris pour les faibles, pour ceux qui n’ont pas de moyen de se défendre, à laquelle la mort de Mouhcine Fikri fait largement échos.

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