Côte d'Ivoire
La campagne du référendum sur une nouvelle constitution ivoirienne s’ouvre samedi sur des bases tranchées : elle est jugée “moderne” et “stabilisatrice” par le pouvoir, “rétrograde” et “monarchique” par l’opposition.
Les deux coalitions d’opposition prônant l’abstention, l’issue du vote du 30 octobre ne fait guère de doute : sauf énorme surprise, le oui au nouveau texte voulu par le président Alassane Ouattara devrait l’emporter.
“Il n’y a pas beaucoup d’engouement”, note le chercheur Meite Mamoudou qui pronostique, comme de nombreux observateurs une “forte abstention”.
“Les dernières élections (présidentielle 2015) montrent que la participation est faible. Normalement, un débat sur une Constitution devrait être un grand enjeu mais en Afrique, les gens sont souvent plus intéressés par des élections avec des hommes politiques”, ajoute-t-il, soulignant qu’il y a “un fort taux d’illettrisme, donc les gens ont du mal à connaitre le texte”.
“Tout ça, c’est des conneries! Ce qui nous intéresse c’est la vie chère, sortir de la pauvreté. Les riches sont plus riches et les pauvres restent pauvres. La Constitution ne va rien changer. Je n’irai pas voter”, s’emporte Bamory Koné, un mécanicien d’Adjamé, un quartier qui a pourtant voté majoritairement pour le président Ouattara en 2015.
Selon le président, qui avait promis un nouvelle Constitution lors de sa réélection en 2015 pour un deuxième mandat courant jusqu’en 2020, le texte va permettre de “tourner définitivement la page des crises successives” qui ont secoué le pays pendant une décennie.
Pour le président de l’Assemblée nationale, l’ancien chef rebelle Guillaume Soro qui a des ambitions présidentielles, c’est “la stabilité de la Côte d’Ivoire que le président Ouattara recherche”, précisant que le pays “a souffert 25 ans durant de l’instabilité de l’Etat”.
Pour le politologue Jean Alabro, “autant l’actuelle Constitution (de 2000) était contre Ouattara (qui n’avait pu se présenter que grâce à un décret), autant celle-ci est pour Ouattara et son camp”.
“Il organise sa succession. Soro est dans une situation similaire à celle de Ouattara à l‘époque. Il sent bien que c’est contre lui mais il ne peut pas la critiquer”, note-t-il.
De son côté, l’ensemble de l’opposition (deux coalitions distinctes) ont appelé au boycottage du scrutin.
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