Sénégal : lettre ouverte à Macky Sall contre une spoliation de terres

Les agriculteurs de la localité de Diokoul, à une vingtaine de kilomètres de Dakar, la capitale sénégalaise, en veulent à leurs autorités locales. Jeudi, ils ont entamé des protestations contre ce qu’ils qualifient de spoliation de leurs terres.

A Diokoul, autorités municipales et agriculteurs sont à couteaux tirés. Un accord entre la municipalité et la société Senegindia pour l’octroi de quelque 1000 hectares de terrain pour la culture de pommes de terre est à l’origine du conflit.

Les producteurs locaux qui estiment qu’ils seront expropriés de leurs terres crient justice. Sous le slogan “On dit non”, ils manifestent depuis jeudi pour réclamer l’abandon du projet ou alors sa délocalisation.

“Non à l’injustice”, porte sur sa pancarte un manifestant. “Les champs que vous voyez là, c’est les champs de nos grands-pères, nos pères, même nos fils ! On gagne notre vie dans ces champs-là ! Pourquoi ils veulent les prendre de force ? On ne va pas les laisser faire !”, a indiqué un autre au micro de Radio France Internationale (RFI).

Pourtant, du côté de la municipalité, on entend pas les choses de cette oreille. Mieux, on estime que le projet est au bénéfice de la population de Diokoul. “Près de 2500 emplois devraient être créés. La terre est là. On ne l’utilise pas. Autant la donner maintenant. Ceux qui avaient aujourd’hui la chance de travailler sur cette terre-là, on leur donne d’autres terres ailleurs. Et tout le monde s’y retrouve”, a expliqué le maire de la localité, Cheikh Sadibou Diack.

Des arguments visiblement insuffisants pour convaincre les protestataires. Moustapha Ba, directeur d’école à la retraite et ancien président de la Communauté rurale de Diokoul Diawrigne est le porte-voix des manifestants. Pour lui et ses camarades, il faudrait que “l‘État annule les actes qui ont été pris et qu’on recommence le processus”. Une lettre ouverte destinée au président sénégalais Macky Sall a d’ailleurs écrite dans ce sens.