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Un discours de Jacob Zuma perturbé par quatre femmes activistes

Afrique du Sud

En Afrique du Sud, le discours du président Jacob Zuma, prononcé à l’occasion des résultats de la municipale, a été perturbé par quatre jeunes femmes. Ces dernières ont brandi des pancartes devant la tribune où se tenait Jacob Zuma, pour remettre en relief une affaire de viol dans laquelle le chef de l’Etat sud-africain avait été impliqué, avant d‘être finalement blanchi, il y a de cela 10 ans.

Décidément, l’ANC est en ce moment dans une situation non-enviable. Le parti de Nelson Mandela, au pouvoir depuis la chute de l’apartheid en 1994, est empêtré dans bon nombre de scandales, sans oublier son recul historique au niveau national dans le cadre de la municipale de ce mois d’aout. L’ANC a perdu sa majorité dans des villes symboliques comme la capitale Pretoria.

Pour revenir à la perturbation du discours de Zuma, le service protocolaire du président sud-africain s’est tout de suite vu dépasser par cette incursion plutôt inattendue, cherchant du coup l’attitude à tenir face à ces femmes déterminées.

Mais une fois le président Zuma sorti de la salle, ses gardes du corps se sont empressés d‘évincer des lieux ces femmes jugées indésirables, et cela, de la manière la moins courtoise qui soit.

Les excuses du maître de cérémonie n’ont bien sûr pas permis d’effacer l’incident, d’autant que les reporters présents sur les lieux n’ont pas été autorisés à rejoindre les quatre femmes expulsées, pour en savoir plus sur leur action.

Côté élection, c’est la première fois que l’ANC, le parti historique, affiche un score aussi bas (53,9%) depuis son arrivée au pouvoir. Selon Ralph Mathekga, analyste politique indépendant, ce recul “est arrivé plus vite et dans des proportions plus fortes que ce qu’on imaginait. C’est un choc pour tout le monde”.

L’ANC était habitué à remporter ces dernières années les différents scrutins avec plus de 60 % des suffrages, même après la retraite politique de Nelson Mandela. Mais les municipales de cette année ont renversé les habitudes établies. Il est vrai que le parti historique reste maître sur l’ensemble de l’Afrique du Sud, mais il est aussi vrai qu’il a subi des revers aussi symboliques qu’historiques dans plusieurs villes-clés.

L’exemple le plus flagrant de cette réalité est la défaite du parti au pouvoir à Pretoria, “ tombée” entre les mains du parti d’opposition de l’Alliance démocratique (DA), arrivée en tête avec 43,1 % des voix contre 41,2% pour le parti au pouvoir. Un revers d’envergure pour Jacob Zuma et l’ANC.

Mais la douleur de la gifle infligée au parti historique ne s’estompe pas là. A Nelson Mandela Bay, sixième métropole du pays, qui compte en son sein Port Elizabeth (un haut lieu de la lutte contre l’apartheid), la douleur est encore plus vive pour le parti de Jacob Zuma : l’Alliance démocratique a rafflé 46,7 % des voix contre seulement 40% pour l’ANC.

De la nécessité d’une remise en cause

“Notre soutien a grandi dans toutes les communautés et particulièrement dans les bastions de l’ANC”, s’est réjoui samedi le leader de la DA, Mmusi Maimane. Et de mentionner les avancées au niveau de l‘électorat des Noirs, alors que DA a pendant longtemps été considérée comme un “parti de Blancs” en Afrique du Sud.

Selon les tendantes, DA (qui garde sa main-mise sur la ville du Cap depuis 2006) sera probablement en deuxième position à Johannesburg. Le parti au pouvoir va perdre sa majorité absolue et devra trouver des alliés pour garder le contrôle de la mairie de la plus grande ville du pays.

Le vendredi, Cyril Ramaphosa, vice-président de l’ANC, évoquait la nécessité d’une “introspection” du parti au pouvoir. Cela se fera-t-il par la remise en cause de Jacob Zuma à la tête de la Nation la plus industrialisée du continent africain ?

C’est en principe dans trois ans que Zuma terminera son mandat présidentiel. Mais selon certains observateurs de la scène politique sud-africaine, l’ANC, marqué par ces nombreux revers et scandales, pourrait être tenté d‘écourter son règne pour s‘éviter un recul encore plus grave dans les urnes aux élections générales de 2019.

Aux dires de Daniel Silke, analyste politique indépendant, “une bataille au sein du parti pourrait émerger de ces mauvais résultats et l’ANC devrait trouver une stratégie pour faire partir Zuma avec dignité”.

Un mandat marqué par de nombreux scandales

Au pouvoir depuis 2009, le mandat de Jacob Zuma fait corps avec les scandales. Le président sud-africain a échappé à une sanction judiciaire dans le scandale de viol de 2006, mais la justice l’a toujours dans son collimateur.

En effet, il doit rembourser 500.000 dollars d’argent public utilisés pour rénover sa maison dans son village de Nkandla (dans le sud), qui a ironiquement voté mercredi pour un autre parti que l’ANC. Une autre gifle.

L’avanée de l’Alliance démocratique est impressionnante. Mais en dépit de ses importants succès à Port Elizabeth et Pretoria, ce parti d’opposition n’a pas réussi à obtenir de majorité absolue et devra donc s’allier avec d’autres partis pour gouverner ces villes.

Les outsiders de cette municipale à rebondissements, les gauchistes de l’EFF (Combattants pour la liberté économique ) du bouillonnant et tonitruant Julius Malema, seront probablement courtisés par les libéraux de l’Alliance démocratique. L’EFF a tout de même engrangé 8 % des suffrages lors de la municipale sur le plan national et plus de 10% des voix à Pretoria et Johannesburg. C’est dire que cette élection est vraiment celle des surprises.

Et pour notre analyste politique indépendant Daniel Silke, “une telle alliance pourrait être instable sur le long terme, car la DA et l’EFF ont des idées diamétralement opposées sur tous les sujets”.

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