Opération de déguerpissement : les autorités maliennes face à la colère des commerçants

L’opération “Bamako ville propre” lancée par le gouverneur de la ville rencontre une opposition féroce des commerçants qui refusent de se faire déguerpir.

Les commerçants bamakois en colère. Samedi, face aux forces de l’ordre, ils ont tenté le tout pour éviter que leurs étals soient retirés des artères de la ville. Au grand marché de la capitale, le décor faisait peine à voir : jets de gaz lacrymogène et de pierre, course poursuite entre policiers et commerçants, pneus brûlés… On parle de plusieurs blessés de part et d’autres.

A l’origine de cette grimpée de tension, l’opération “Bamako ville propre” initiée par le gouverneur du district de Bamako Mme Sacko Aminata Kane en accord avec la mairie de la ville. Celle que l’on surnomme la “dame de fer” avait justifié son initiative par la nécessité de donner à la capitale malienne une fière allure. Et pour elle, cela passe nécessairement par le déguerpissement des commerçants qui “occupent de façon illicite” les principales artères de la ville.

Au journal télévisé du samedi sur la chaîne publique, quelques heures après les échauffourées, Mme Sacko a réaffirmé sa ferme volonté de poursuivre l’opération. D’autant que, selon elle, toutes les parties ont été consultées avant le lancement du programme.

“Bamako ville propre”, un projet salutaire, certes, mais pour beaucoup de Bamakois, une opération de plus. Ces derniers dénoncent l’abandon des travaux par les autorités, quelque temps après qu’ils aient débutés. “On nous a habitué à ça ici. Une telle opération ne dure jamais dans le temps. Quelques mois après le déguerpissement, les lieux sont réoccupés”, explique dépité Mahamadou Diallo dont l’étal a été démonté par le bulldozer de l’opération.

En juillet 2015, le ministre des Domaines de l’État et des Affaires foncières de l‘époque, Mohamed Ali Bathily, avait ordonné la démolition des bâtiments de la zone de Souleymanebougou pour non-conformité. Toutefois, après qu’une cinquantaine de maisons a été détruite, le projet a été suspendu pour hivernage. Renvoyée à la fin de la saison pluvieuse, l’opération n’a toujours pas repris, un an après.

A quelques mois du sommet France-Afrique qu’accueillera Bamako en janvier 2017, Mme Sacko Aminata Kane, est face au défi du timing. Beaucoup se demandent si elle parviendra à parachever l’opération avant la tenue de ce rendez-vous international.