République Centrafricaine
Selon un rapport de l’ONG Human Rights Watch, 18 personnes ont été exécutées entre avril 2015 et mars 2016 par une unité de la police de Bangui, la capitale centrafricaine.
La République centrafricaine de nouveau au banc des accusés quant au respect des droits de l’homme dans le pays. Dans un rapport publié ce lundi 27 juin, l’ONG internationale Human Rights Watch accable Robert Yékoua-Ketté, ancien directeur de l’Office central de répression du banditisme (OCRB). Ce dernier est accusé d’avoir fait exécuter 18 personnes sur la période d’avril 2015 à mars 2016.
Dans son rapport, l’organisation américaine précise que l’homme a été directement impliqué dans 13 incidents et devrait en répondre devant la justice. HRW soutient, sur la base de témoignages recueillis que sur les 18 exécutions, Robert Yékoua-Ketté « en a personnellement mené une, ordonné cinq autres et qu’il était présent lors de l’arrestation par l’OCRB de sept hommes exécutés par la suite », note-t-on dans les conclusions d’enquête.
Pour Lewis Mudge, auteur du rapport, s’il est vrai que certaines victimes semblent avoir été liées à des activités criminelles, il n’en demeure pas moins que “les gens qui étaient attrapés par l’OCRB n’ont pas forcément été attrapés en flagrant délit, premièrement. Et deuxièmement, aucun cas enregistré par HRW ne l’était dans un contexte où la force était légitime. Nous avons enregistré chaque cas comme une exécution extra-judiciaire, un cas de tuerie, un cas de meurtre”.
L’OCRB, un long passé en matière d’exactions
Surnommé le “cow-boy de Bangui” ou encore “shérif de Bangui”, Yékoua-Ketté, le directeur de l’OCRB a été porté à ce poste par un décret de la présidente de transition, Catherine Samba-Panza, en février 2015, alors que le pays sortait de plus deux ans de conflit sectaire prolongé. Le 08 juin dernier, il a été limogé par le président Faustin Archange Touadéra. Une éjection dont se rejouit d’ailleurs Human Rights Watch. “Le gouvernement a eu raison de destituer Yékoua-Ketté, en tant que premier pas dans la lutte contre l’impunité (…) Les Centrafricains ne pourront croire au principe de l’État de droit et vivront dans la peur de l’OCRB tant que l’homme qu’ils ont vu tuer des personnes ne sera pas traduit en justice”, persiste Lewis Mudge.
L’ONG revendique ainsi la dissolution de l’OCRB, si l’enquête établit la responsabilité de cette unité de police pour des crimes graves, mais aussi compte tenu de ses longs antécédents en matière d’implication dans des exactions. En effet, de 2006 à 2013, elle a été impliquée dans des actes de détention illégale, de torture et des meurtres extrajudiciaires y compris dans la disparition très médiatisée de Jean Bianga, chauffeur de l’ancien ministre des Finances, en 2012, affirme HRW. Un rapport de la Mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca) datant de décembre 2015 a souligné l’arrestation et le passage à tabac de 21 enfants des rues par l’unité. Les enfants ont été détenus pendant deux jours, puis relâchés.
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