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Niger : Diffa sous la menace constante de Boko Haram

Niger

Située au bord du Lac Tchad et à la frontière avec le Nigeria, la ville de Diffa est sous la menace permanente de le secte islamiste Boko haram, auteur d’attaques meurtrières et d’attentats-suicides. Un harcèlement permanent et une insécurité croissante qui ont fait fuir une partie de la population et rendu fragile une économie en perte de vitesse.

C’est pour prévenir les attaques récurrentes des djihadistes dans cette partie du pays que le gouvernement nigérien a dû instaurer des mesures restrictives. En mars 2015, le gouverneur a fait évacuer toutes les populations des îles du lac (25.000 personnes, dont une partie s’est réfugiée à Diffa), suspendu le commerce des principales richesses locales, le poivron et le poisson – en provenance du lac -, interdit purement et simplement les motos dont Boko Haram se servait pour se déplacer et instauré un couvre-feu sur la circulation pendant la nuit.

Une situation qui affaiblit davantage une économie déjà boiteuse. “Il n’y a pas de clients. Les gens ont peur ou ils ont fui. Avant, il y avait la circulation de nairas (la devise nigériane), de francs CFA. Maintenant, il n’y a pas d’argent, pas de boulot, il n’y a pas de champs (cultivés), rien”, s‘écrie Mamane Nouré Abdou, propriétaire d’un commerce, qui ajoute que ses recettes ont été divisées par trois par rapport à 2015.

Les secteurs du transport et du poivron durement touchés

L’interdiction de circulation des motos pendant la nuit a mis plusieurs conducteurs – de nuit – au chômage, comme c’est le cas de Mohamed Ali : ‘’ on ne fait rien. On est là, assis. Je ne suis pas le seul, ça touche beaucoup de monde.’‘ Pour lui, la mesure n’a pas été mûrement réfléchie par les autorités.

“J’en veux à Boko Haram, mais la mesure n’a pas été bien réfléchie. Personne ne nous est venu en aide. Il n’y a pas de travail ici, depuis petit, je vais au garage. J’espère retrouver mon travail. Ca va venir avec l’aide de Dieu”, a-t-il ajouté.

Une source de la société civile avance le chiffre de 13.000 personnes au chômage du fait de l’interdiction des motos, principal mode de ransport dans la zone. La plupart d’entre eux ont abandonné le métier, comme le souligne Sabou Ali, secrétaire général des transporteurs de la région.

“Il y a de l’insécurité sur les routes en raison de Boko Haram, et nous avons perdu toute l’activité dans les zones interdites (îles et territoires évacués). Des routes et marchés sont interdits. La circulation a beaucoup baissé”, explique-t-il, soulignant aussi que les frais de transport ont été revus à la hausse.

Les camions roulaient auparavant au gasoil du Nigeria (souvent transporté par bateau sur le lac) à 400 francs CFA le litre (60 centimes d’euro), contre 530 FCFA (80 centimes) aux pompes nigériennes. La circulation avait lieu 24h sur 24 ; mais maintenant, les véhicules ne circulent plus de 19h à l’aube.

La culture du poivron, spécialité de la région, tout comme le transport, sont durement touchés. La plupart des agriculteurs sont aujourd’hui des déplacés internes vivant d’aide internationale. Les acheteurs qui revendent le poivron à Niamey ou à Zinder ne travaillent plus.

“Ça fait six mois que je n’ai plus rien acheté. Je vends mes derniers stocks (le poivron est séché pour devenir un piment). Je ne sais pas ce que je vais faire”, dit Bra Boulama, un négociant qui estime que le poivron représentait 20.000 emplois et 6 milliards de FCFA (10 millions d’euros) de chiffre d’affaires dans la région.

Tous espèrent que la situation générée par Boko Haram va se résorber rapidement. “Si ça ne va pas, on va quitter Diffa”, prévient le boutiquier Mamane.

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